Dans le Jura, les conseillers aux Etats sont élus selon le système proportionnel, mais sans possibilité d’apparentement. C’est pour cette raison que CS-POP, entre autres, ne présente pas de liste. Depuis plusieurs législatures, le PDC, premier parti du canton, et le PS, avec l’apport des autres voix de gauche, obtenaient facilement leur siège. Mais cette année, certains facteurs viennent bouleverser cet équilibre. Pour la première fois, le PLR ne présente pas de liste. Les chrétiens-sociaux (PCSI) ont aussi renoncé. Au centre et à droite, le PDC n’est donc concurrencé que par l’UDC, pas très forte dans le Jura. Et pour la première fois aussi, le PS a une liste concurrente à gauche, celle des Verts. A cela s’ajoute le duel interne au PDC entre la sortante Anne Seydoux et Pierre Kohler, qui a été ministre, conseiller national et maire de Delémont. Ce duel est présenté comme la principale incertitude de ce scrutin et de nombreux électeurs non PDC vont aussi vouloir choisir un des deux, par exemple des femmes pour Anne Seydoux et certains Delémontains de gauche «contre Pierre Kohler». Mais celui-ci a une certaine popularité parmi un électorat peu politisé, y compris des personnes votant habituellement à gauche. De plus, la très grande majorité des voix habituellement PLR et une partie de celles du PCSI iront au PDC.
Même si Claude Hêche, l’actuel président du Conseil des Etats, et son colistier Gilles Pierre, boss du festival «Le Chant du Gros», vont aussi obtenir des suffrages ailleurs qu’au PS, on ne peut pas tout-à-fait exclure le scénario catastrophe qui verrait le PDC obtenir un peu plus du double des voix du PS et rafler les deux sièges. Conscients de ce risque dont ils sont en partie responsables, les Verts, qui ne présentent qu’un candidat, Jean-Marc Comment, appellent à ajouter le nom d’un socialiste sur leurs bulletins. Quant à CS-POP, il invite à voter deux candidats parmi les trois du PS et des Verts. Espérons que cela suffise à éviter le triomphe du PDC.
Conseil national: une première pour CS-POP
Pour le Conseil national, où le Jura a deux sièges, 12 listes ont été déposées représentant 8 partis: PDC, PS, PLR, Verts, PCSI, UDC, CS-POP et un nouveau venu, les «Rauraques du Nord». Les quatre premiers présentent aussi une liste «jeunes».
A gauche, le PS présente le titulaire Pierre-Alain Fridez, qui part favori, devant sa colistière Mélanie Brülhart. CS-POP, qui participe pour la première fois aux élections fédérales depuis la création du canton, présente Pierluigi Fedele, membre du Comité directeur d’Unia, et Guite Theurillat, secrétaire de l’AVIVO Suisse.
Le seul apparentement inter-partis est celui de gauche (PS, Verts et CS-POP). Le PS étant nettement le deuxième parti du canton, le maintien d’un siège à gauche ne fait pas de doute. La liste CS-POP devrait obtenir un bon résultat, mais vu que les Verts n’ont pas voulu d’un sous-apparentement avec leur partenaire dans le groupe parlementaire et dans la lutte contre le programme d’économies OPTI-MA, il faudrait qu’elle dépasse à elle seule le résultat des listes socialistes pour obtenir un élu. Cela semble plus que difficile. Mais la campagne est aussi l’occasion de faire connaître ses idées sur des thèmes importants qu’on aborde peu lors des élections cantonales ou locales.
