Le paquet Berset à la moulinette des Etats

Retraites • Le projet «retraites 2020» du Conseiller fédéral Alain Berset a passé la rampe du Conseil des Etats la semaine dernière. Il est déplumé mais les femmes restent bafouées.

Après trois jours de débats, les conseillers aux Etats ont voté la semaine dernière par 28 oui (dont PS et PDC unanimes), 5 non et 10 abstentions le projet «retraites 2020», remodelé par leurs soins. Beaucoup s’accordent à y reconnaître la patte de l’influent conseiller aux Etats PDC fribourgeois Urs Schwaller, administrateur du Groupe Mutuel et vieux comparse de son compatriote Berset. Les propositions majoritaires de la commission des assurances sociales, dont Urs Schwaller est membre, ont ainsi passé la rampe.

Augmentation de l’âge de la retraite des femmes acceptée
Sans état d’âme pour les inégalités salariales persistantes, l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes dans l’AVS a été acceptée, permettant une économie de plus d’un milliard par an. Il sera certes possible de partir plus tôt (dès 62 ans) ou plus tard (jusqu’à 70 ans), mais avec une diminution durable des rentes ou une augmentation, selon l’âge choisi. Les vannes sont ainsi ouvertes pour une augmentation générale ultérieure de l’âge de la retraite…
Encore au niveau des baisses de prestations, il y a essentiellement la délétère baisse du taux de conversion LPP de 6,8% à 6%, baisse qui implique une diminution des rentes du 2ème pilier et qui fut pourtant largement refusée en mars 2005 en votation populaire. Silence assourdissant de l’UDC, si prompte pourtant à exiger le respect scrupuleux des votes du peuple. La baisse du taux de conversion signifie par exemple, pour une épargne du 2ème pilier de 100’000 francs, une rente de 6’000 francs au lieu des 6’800 francs comme le voudrait la situation actuelle.

L’AVS, roue de secours du 2ème pilier
Quant à l’augmentation de 70 francs pour les rentes AVS, prévue pour compenser le 2ème pilier, elle ne concernera que les futurs retraités dont les rentes entreront en vigueur après les ultimes décisions des Chambres et une votation populaire sur la TVA. Que les actuels retraités ne s’attendent pas à la moindre amélioration pour eux. Au contraire, ils passeront à la caisse par le biais de l’augmentation d’un point de TVA, une décision justifiée par le souci de faire participer tous les retraités, riches ou pauvres, au financement du tsunami créé par le paquet Berset, comme l’a rappelé le conseiller fédéral socialiste.

La cotisation AVS sera modestement relevée de 0,3% paritairement (4,2% actuellement).

Les discussions sur la «coûteuse» augmentation de l’espérance de vie pour l’AVS et les habituelles lamentations passent comme chat sur braise sur l’influence identique sur le 2ème pilier. Sans oublier la grande et périlleuse fragilité des rendements des 750 milliards accumulés par le système de capitalisation LPP, ce que le système par répartition épargne à l’AVS.

Désengagement de la Confédération refusé

Une diminution de la participation de la Confédération à l’AVS a été heureusement refusée, même si le Conseil fédéral souhaitait se désengager «afin de financer d’autres tâches». Lesquelles? On n’en sait rien. Refusée également la suppression de certaines rentes de veuves. Refus bienvenu aussi de laisser la liberté au Conseil fédéral de décider seul et sans le Parlement de la diminution des rentes AVS au gré de la situation économique.

Le projet doit encore passer au national

Ces modifications feront encore l’objet de l’examen de la commission du Conseil national. Guy Parmelin, UDC vaudois, son président pour quelques semaines encore, s’est empressé de mettre le «paquet» à l’ordre du jour de la commission en septembre de cette année encore.
Finalement, et c’est important, cet hiver ou le printemps prochain, c’est le Conseil national tout fraîchement élu qui votera et qui décidera. Une réflexion utile à la décision de tous ceux qui éliront leurs représentants le 18 octobre prochain.