Merci Reagan

Il faut le dire • Une étude réalisée pour le compte de l’Académie américaine des sciences révèle une augmentation régulière du taux de mortalité parmi les Blancs américains entre 45 et 55 ans. Alcool, drogues et suicides sont responsables de la plupart des décès. Les populations noires et hispaniques ne sont pas concernées par cette augmentation...

On lit parfois des choses intéressantes sur le site du Figaro. Si si. Cette semaine on y a relayé les résultats d’une étude réalisée pour le compte de l’Académie américaine des sciences qui révélait une augmentation régulière et inquiétante sur quinze ans de 0,5% par année du taux de mortalité parmi les Blancs américains entre 45 et 55 ans. Alcool, drogues et suicides sont responsables de la plupart des décès avec notamment une consommation d’héroïne qui a bondi de plus de 60% entre 2003 et 2013. Là où les résultats de l’étude deviennent intrigants, c’est que les populations noires et hispaniques ne sont pas concernées par cette augmentation. Seuls les Blancs qui n’ont pas fait d’études supérieures semblent touchés.

Généralement issus de familles de la classe moyenne, véritables images d’Epinal de l’«american way of life» dans les années 60, ils composent une génération qui a moins bien réussi que celle de leurs parents du fait des transformations économiques qui se sont produites aux Etats-Unis, et la confrontation de cette réalité et des illusions perdues expliquerait l’augmentation des comportements à risques.

Comment ne pas faire le lien avec la dérégulation et l’ultralibéralisme prônés par les administrations Reagan durant les années 80, alors que cette génération aujourd’hui désenchantée arrivait sur le marché du travail ? Ces «reaganomics» (Reagan-économie,ndlr) ont en effet contribué à creuser le fossé entre les riches et les pauvres aux USA. Elles furent reprises sur les bannières des épigones néo-libéraux en Europe et de par le monde pendant les années 90 et constituent encore aujourd’hui la doxa de l’idéologie qui gouverne les sociétés occidentales : «There is no alternative».

On ne peut que constater que les grandes tendances américaines finissent toujours par arriver en Europe (bonjour Halloween!). Le déclassement progressif des classes moyennes, les désillusions des petits enfants des Trentes Glorieuses et un cortège d’à côtés morbides comme celui évoqué plus haut sont malheureusement la prochaine vague que devrait nous amener l’«américanisation» telle qu’elle nous est imposée depuis une quarantaine d’années.