Un ancien prêtre candidat communiste aux présidentielles

Portugal • Edgar Silva, candidat du Parti communiste portugais aux présidentielles de 2016, était de passage à Genève. Le théologien entend promouvoir les valeurs de liberté et de progrès de la révolution des œillets de 1974.

Député de l’assemblée législative de Madère, le communiste Edgar Silva défend un programme anti-austérité pour les présidentielles. ©Carlos Serra

Le 10 novembre dernier, la gauche, majoritaire au parlement portugais suite aux élections du 4 octobre, et forte d’un accord entre le Parti socialiste, le Parti communiste portugais (PCP), le parti écologiste et le Bloc de gauche, a fait tomber le gouvernement de droite de Pedro Passos Coelho à travers une motion de censure. Pour l’heure, le président de la république, Anibal Cavaco Silva, opposé à la remise en question de la politique d’austérité de la droite qui sévit depuis 4 ans, continue de faire de la résistance, et l’ancien maire de Lisbonne, le socialiste Antonio Costa, n’a toujours pas été adoubé par l’élu conservateur. Face à ces tergiversations, les élections présidentielles de janvier 2016 prennent donc une importance particulière. Une vingtaine de candidats sont d’ores et déjà en lice. Appuyé par le Parti communiste portugais (PCP), le député de l’assemblée législative de Madère Edgar Silva sera de la partie. Agé de 53 ans, ce licencié en théologie et fondateur du MAC (mouvement d’appui à l’enfance et à une école ouverte) était de passage à Genève pour rencontrer la communauté portugaise, en faisant un petit saut par la rédaction de Gauchebdo. Nous lui avons demandé quelle était aujourd’hui la situation économique du Portugal. «La droite fait beaucoup de propagande, en prétendant que le Portugal est sorti de la crise, en remboursant le prêt de 78 milliards d’euros de la Troïka (UE, FMI, Banque européenne), mais la crise s’est amplifiée. L’endettement s’est accru pour les plus fragiles et les travailleurs ont vu leurs revenus se réduire, alors que les grandes banques et les millionnaires n’ont jamais autant gagné», explique le candidat. «La droite a fermé les services publics, l’école, les tribunaux et attaqué la protection sociale. Le ras-le-bol et le mécontentement des Portugais se sont traduits par une punition pour la droite et l’extrême droite, qui ont perdu 700’000 votes lors des législatives», explique encore cet humaniste, qui fut prêtre pendant quelques années avant de devenir professeur à l’université catholique de Funchal jusqu’en 1992.

«Nous gardons notre droit de critique sur le parti socialiste»

A l’heure actuelle, un gouvernement socialiste est en préparation, sur la base d’un accord entre partis de gauche, qui prévoit la fin du gel des retraites, la fin des coupes dans les salaires des fonctionnaires, des privatisations des transporteurs publics, de la compagnie aérienne TAP et l’augmentation du salaire minimum de 500 à 600 euros. Mais il ne s’agit en aucun cas d’un blanc-seing de la part du PCP aux socialistes. «La motion de censure contre Pedro Passos Coelho a été le fruit d’un compromis entre quatre partis, mais il ne s’agit pas d’une coalition entre nos forces. Le projet de gouvernement est le fruit d’une initiative des socialistes. Il ne s’agit pas d’un gouvernement patriotique et de gauche comme nous le souhaiterions et nous gardons notre droit de critique. Cependant, pour l’instant nous sommes encore dans l’impasse et Anibal Cavaco Silva doit finalement respecter la constitution et nommer le nouveau gouvernement», précise le membre du PCP. Pour sa campagne, le théologien entend promouvoir les «valeurs d’Avril» de liberté et de progrès social, celles de la révolution des œillets de 1974.

Une campagne avec les salariés et travailleurs
Quid des rapports avec l’UE? «Le PCP défend en priorité l’indépendance du pays et sa souveraineté nationale. Il est aussi primordial de développer une politique de coopération avec les autres peuples aux antipodes de ce qu’est actuellement l’UE», plaide Edgar Silva. Pour l’heure, le marathon électoral d’Edgar Silva, qui estime que «rien n’est décidé pour le scrutin et que c’est le peuple qui fera les élections et non les médias», atteint sa vitesse de croisière.

Depuis le lancement de sa campagne en octobre, le candidat a déjà rencontré des paysans dans les localités de Coimbra et Viseu, présenté les lignes de sa campagne au syndicat de la Confédération générale du travail du Portugal (CGTP-IN), rencontré le corps des pompiers d’Algueirão, la Confédération portugaise des micros, petites et moyennes entreprises (CPMPME) ou le Mouvement démocratique des femmes. On l’a même vu dans le métro de Lisbonne dénoncer les privatisations des transports. Bref, avec le peuple encore et toujours.