Deux initiatives lancées par la Maison des associations de Genève

Genève • Dans les années 80 des groupements militants œuvrant dans le domaine de la santé, de l’éducation, de l’environnement et des droits de la personne décidaient d’amplifier leurs voix en se fédérant. Dans le cadre du Village Alternatif du Salon du livre, ils posaient les fondements de la Maison des associations. Deux initiatives soutiennent aujourd’hui son agrandissement.

C’était le Village Alternatif, une surface de 850 m2, permettant à une quarantaine d’associations d’avoir leurs stands. Sous la devise «Une autre Suisse pour un autre monde» des militants pacifistes y côtoyaient des tiers-mondistes, des gens préoccupés par des questions d’environnement ou par la précarité d’une partie de la population ici même, en Suisse. Pendant les 20 années suivantes, le Village Alternatif a offert à des associations la possibilité de tenir échoppe et de participer aux débats. Animés par des journalistes, ils étaient enregistrés et diffusés par Radio-Zones, radio associative de la région genevoise. Mais à la longue la location s’avéra trop coûteuse, des associations inscrites pour y participer se rétractaient au dernier moment, alors que le coût de location était facturé au Village Alternatif.

Resserrer les liens entre militants
Le succès du rendez-vous annuel au Salon du livre stimula les militants à transformer en 1996 leur regroupement de fait en une structure plus durable. En 1996 est née la Fédération pour l’expression associative (FEA) comptant septante associations. Devant les difficultés de loger cette famille nombreuse, nomade depuis qu’elle n’avait plus l’abri du Salon, la Fédération chercha des locaux à elle, vastes, faciles d’accès, centraux si possible.

Donner un nouvel emploi aux anciens locaux du journal La Suisse pouvait consoler les Genevois peinés par la disparition de ce quotidien. Le lieu, avec ses quatre bâtiments donnant sur les rues des Savoises et du Vieux-Billard, dans le quartier populaire de Plainpalais, se prêtait parfaitement au projet, et trois des quatre immeubles en question furent très vite investis. La lutte pour qu’autorités municipales et cantonales soutiennent le projet constitue un feuilleton, dont les épisodes se suivent encore à ce jour. Cependant, il y eut quelques victoires: en 1998 le Conseil d’Etat genevois acheta lors de la vente aux enchères deux immeubles, l’année suivante il accorda un droit de superficie sur ces constructions à la FEA. Elle pouvait maintenant procéder à l’aménagement des locaux. Le Grand Conseil de Genève vota une subvention unique de 900’000 francs et dit se porter garant des prêts contractés par la FEA à concurrence de 3,6 millions. Suite au refus de la BCG d’accorder le crédit sollicité, les militants s’adressèrent à la Banque Alternative Suisse.

Pour répondre aux nouvelles obligations qu’engendrait l’acquisition de locaux, et son fonctionnement par la suite (engagement de personnel, locations, frais généraux), la FEA a changé de forme juridique. Depuis 1999, c’est une Fondation pour l’expression associative qui s’occupe de la Maison Internationale des associations (MIA). A vrai dire, Régis de Battista, âme et locomotive de la Maison, aurait souhaité la mise sur pied d’une coopérative: en souscrivant des parts sociales, les associations adhérentes devenant copropriétaires des immeubles et décidant des activités. L’idée a été applaudie et abandonnée aussi vite: quand il fallut passer à la caisse, les vocations se sont raréfiées. Pour pouvoir mener ses activités, qui ont en partie aussi un caractère commercial, la fondation a dû s’inscrire au Registre du Commerce et verser un émolument de 10’000 francs. La somme lui a été offerte par l’Association du personnel de La Suisse, un cadeau inespéré.

Deux initiatives de la MIA
Deux initiatives sont actuellement en cours de récolte de signatures en lien avec la Maison des associations. L’initiative populaire cantonale «Pour que l’Etat, propriétaire, assume le solde du coût des travaux déjà réalisés par la Maison Internationale des associations», demande qu’un crédit de 2,2 millions de francs soit alloué dans l’année qui suit la votation à la Fondation pour l’expression associative pour solder le prêt contracté en vue des travaux d’aménagement en 2001. La revendication est d’autant plus légitime que Ville et Canton, propriétaires des bâtiments, ont bénéficié de l’énorme augmentation de la valeur de ces biens immobiliers grâce aux travaux réalisés depuis 15 ans. A vrai dire, il aurait incombé aux autorités de réaliser elles-mêmes ce projet d’utilité publique qui a vu le jour grâce à des citoyens engagés.

L’autre initiative, lancée en même temps, a pour objet la valorisation et l’agrandissement de la Maison internationale des associations. La MIA manque de locaux pour satisfaire les demandes des associations; la proposition de l’agrandissement répond donc à un besoin de la population. Il en va de même pour le projet d’extension du bistrot: bien fréquenté, servant un plat du jour et de petits repas ainsi que des boissons à des prix abordables, il se voit contraint de refuser des gens lors d’événements spéciaux, quand par exemple des personnes venues à Genève de loin assistent à des journées de débats. Il est encore temps de signer les deux initiatives et de les renvoyer au plus tôt et au plus tard jusqu’au 22 décembre.

LAFEA, 15 rue des Savoises, 1205 Genève, tel 022 329 20 22