Cessez-le-feu à l’Usine

Genève • Les différentes parties ont trouvé un terrain d’entente après les bisbilles administratives qui menaçaient le lieu de culture alternatif.

Les autorisations des buvettes étaient au cœur des discordes.

Un accord a pu être trouvé in extremis entre le Canton, la Ville de Genève et l’Usine afin d’assurer la pérennité de l’institution culturelle, menacée par un cul-de-sac administratif et un gel des subventions. Alors que l’État, par l’intermédiaire du département de Pierre Maudet, remettait en cause l’autorisation globale délivrée jusqu’à présent pour la gestion de cinq buvettes en exigeant le dépôt de demandes distinctes pour chaque débit de boisson, l’Usine s’y était vivement opposée au nom de l’intégrité et de l’esprit collectif essentiel du lieu, ce qui avait fini par faire naître des débats mouvementés au Grand Conseil, au Conseil municipal ou dans la presse et avait installé un climat de tension palpable jusque dans la rue, où une manifestation «sauvage» en faveur de la culture alternative avait dégénéré mi-décembre. Pourtant, la mobilisation dans le canton, qui a vu notamment le dépôt de 2 pétitions de 20’000 signatures chacune, a fini par porter ses fruits.

La solution qui émerge de l’accord avait déjà été évoquée par la gauche au Conseil municipal en fin d’année et balayée d’un revers de main dédaigneux par l’Entente et le MCG: un arrangement transitoire jusqu’au 1er février qui verrait l’Usine déposer ces 5 demandes séparées, puis le transfert à la Ville de la compétence de délivrer des autorisations aux buvettes dites «événementielles», comme le permet la nouvelle Loi sur les débits de boisson et le divertissement qui vient d’entrer en vigueur.

La culture et la sécurité

Ce procédé garantirait le statut de «lieu unique», principale revendication des occupants, tout en ouvrant des perspectives pour tout le secteur alternatif à condition que ce statut «événementiel» soit clarifié et sa gestion administrative facilitée. En effet, le dossier devrait désormais passer entre les mains du département de l’environnement urbain et de la sécurité dirigé par Guillaume Barrazzone, unique conseiller administratif de la Ville issu de l’Entente, chargé d’avaliser les demandes. «Ce n’est pas une question d’appartenance politique du magistrat, mais nous trouvons dommage que la culture soit toujours dépendante du département de la sécurité», estime Samantha Charbonnaz, permanente de l’Usine. Concernant le régime transitoire et le transfert de compétences aux communes, il reste encore du travail, «les communes ne sont pas forcément prêtes à gérer toutes les demandes, les formulaires ne sont pas encore disponibles et la période transitoire qui peut durer jusqu’à six mois-un an risque d’être compliquée administrativement pour tous les événements qui se produiront cette année», poursuit-elle.

Et quid des attaques qui ne manqueront pas de reprendre malgré cet accord arraché à la dernière minute? «Cela fait 26 ans que l’Usine existe, cela fait 26 ans qu’elle est attaquée. Nous sommes prêts à ce que cela continue», répond Samantha Charbonnaz.