Si c’est pas cher, ça ne vaut rien

Il faut le dire • «Le coût des études universitaires n'est pas suffisamment élevé en Suisse pour que les étudiants se rendent compte de la qualité des enseignements et à quel point l'acquisition de connaissances est quelque chose de précieux», estime le professeur genevois Denis Duboule. En voilà un qui a sans doute perdu une occasion de se taire.

Le professeur genevois Denis Duboule, par ailleurs brillantissime généticien, a sans doute perdu une occasion de se taire à l’occasion d’un entretien accordé à la radio publique. Estimant que «le coût des études universitaires n’est pas suffisamment élevé en Suisse», il ne veut évidemment pas d’un «système à l’américaine où les étudiants doivent s’endetter de manière importante», mais tout de même «les coûts ne sont pas suffisamment élevés pour que les étudiants se rendent compte de la qualité des enseignements et à quel point l’acquisition de connaissances est quelque chose de précieux». Soit. Il faudrait donc fixer le prix du sésame à «au moins 2’000 ou 3’000 francs».

Au-delà du fait que cette intervention s’inscrit peut-être même involontairement dans la logique d’un discours très répandu à droite qui voudrait restreindre l’accès aux études supérieures et réduire l’offre de formation aux seules disciplines qui ont un intérêt pour l’économie, un tel accès de protestantite aiguë du cerveau éclaire aussi une façon de penser, toute une vision du monde qu’on ne saurait limiter à la seule université.
En effet dans cette vision, on ne paie sans doute pas assez de primes maladies pour se rendre compte de la qualité des soins et de la compétence des médecins, les loyers ne sont sans doute pas assez élevés pour comprendre à quel point il est important d’avoir un toit au-dessus de la tête et je ne parle pas de l’école publique gratuite, voire de l’eau potable, dont on a trop rapidement tendance à oublier qu’on en a besoin pour ne pas mourir.

Adynatons mis à part, frapper au porte-monnaie pour réveiller les consciences estudiantines sera inefficace avec les fils à papa insouciants et précarisera encore plus tous les autres qui constituent l’immense majorité et qui peinent à boucler leur budget en jonglant avec les boulots alimentaires. Et certains s’endettent déjà avec les niveaux de taxes actuels.