Criminaliser les différences dès l’école primaire

Il faut le dire • La commune soleuroise d’Egerkingen fait à nouveau parler d’elle: les autorités ont décidé que les élèves de l’école primaire n’auraient plus le droit de s’exprimer dans une autre langue que l’allemand ou le dialecte, et ce dans tout le périmètre de l’école, y compris la cour de récréation. En cas de non-respect de cette nouvelle...

La commune soleuroise d’Egerkingen fait à nouveau parler d’elle: les autorités ont décidé que les élèves de l’école primaire n’auraient plus le droit de s’exprimer dans une autre langue que l’allemand ou le dialecte, et ce dans tout le périmètre de l’école, y compris la cour de récréation.

En cas de non-respect de cette nouvelle règle, ils seront punis et leurs parents amendés jusqu’à 550 francs. Trois niveaux de sanction sont prévus. Un rappel à l’ordre oral pour commencer, puis écrit, et enfin, en cas d’insubordinations linguistiques répétées, dix heures de colle sous forme de cours d’allemand aux frais des parents.

Selon la présidente de l’exécutif de la ville, la PLR Johanna Bartholdi, certains élèves suisses se sentent «exclus» quand d’autres parlent dans une autre langue que l’allemand, ce qui donnerait lieu à des «tensions» entre élèves suisses et étrangers.

Dans le Blick, Mme Bartholdi précise que «les élèves qui posent problème ne sont pas seulement ceux issus de l’immigration, mais aussi certains enfants suisses». En revanche, elle a pris soin de concevoir une punition qui ne touchera que les enfants étrangers, ou éventuellement d’autres régions de Suisse non germanophones. Pour eux, les cours d’allemand seront désormais synonymes de punition, ce qui n’aura probablement pas pour effet de les motiver à s’améliorer dans cette langue.

Des tensions, il y en a dans toutes les écoles. En général, la meilleure manière de les résoudre est d’instaurer un dialogue entre les élèves, les enseignants et les parents. Seulement voilà: à Egerkingen, les autorités sont en train de faire de bringues entre gamins un conflit entre Suisses et étrangers.

Parler une langue différente devient un motif de punition, quelque chose de contraire aux règles. Bienvenue dans la Suisse du 21ème siècle, où l’on peut appliquer sans complexe la logique de criminalisation des étrangers de l’UDC à de jeunes enfants!

Amanda Ioset et Yassin Zine