Cizre sans secours médicaux

kurdistan • Un appel signé par 12 parlementaires et anciens parlementaires a été adressé à Didier Burkhalter, l’invitant à faire la lumière sur les bombardements turcs dans les régions kurdes du sud-est de la Turquie et leurs victimes civiles.

L’été dernier, le gouvernement d’Erdogan a rompu unilatéralement le processus de paix en cours avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Suite à cela, il a lancé une vaste offensive contre plusieurs régions kurdes du Sud-Est de la Turquie, en prétendant viser uniquement les combattants du PKK, alors qu’en réalité, de nombreux civils sont touchés. L’État turc se livre à un véritable massacre pour tenter de reprendre le contrôle de ces régions, à coup de bombardements et d’exécutions sommaires dans les rues. L’état de siège a été déclaré, entre autres dans la ville de Cizre.

Préoccupation du Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme

Pendant plusieurs jours, l’armée a bombardé dans cette ville deux immeubles où des dizaines de civils avaient trouvé refuge, empêchant les personnes bloquées à l’intérieur, sans eau et nourriture, de sortir, et les secours médicaux d’intervenir pour soigner les blessé-e-s. Par ailleurs, des femmes de la ville de Cizre ont été arrêtées puis détenues alors qu’elles marchaient avec des drapeaux blancs en direction du quartier bombardé pour aller porter de l’aide aux personnes piégées.

Lundi 1er février, le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme Zeid Ra’ad Al Hussein s’est dit préoccupé par la situation en Turquie et a exhorté les autorités turques à respecter les droits des civils lors des opérations de sécurité. Pourtant, dans la nuit du dimanche 7 au lundi 8 février, des dizaines de civils ont été exécutés et les médias du gouvernement de l’AKP au pouvoir annonçaient les faits comme une victoire contre le «terrorisme». De nombreuses manifestations ont eu lieu lundi dans toute l’Europe y compris dans plusieurs villes suisses, pour condamner ces massacres commis par un État membre de l’OTAN et du Conseil de l’Europe, cela dans le silence complice des dirigeant-e-s européen-ne-s.

Un silence coupable

Une des personnes civiles coincées dans une cave à Cizre est la sœur de Rüstü Demirkaya, un journaliste kurde qui vit actuellement en Suisse. Il est sans nouvelle d’elle depuis des jours. Soutenu par différentes personnes, il a décidé de lancer un appel au Chef du Département des Affaires étrangères Didier Burkhalter pour lui demander d’entreprendre tout ce qui est en son pouvoir pour que les autorités turques permettent aux secours d’accéder aux bâtiments dans lesquels se trouvent des blessé-e-s, mais aussi d’exiger qu’une enquête indépendante et impartiale fasse la lumière sur les circonstances entourant les nombreuses exactions commises dans la région. Par ailleurs, l’appel demande au conseiller fédéral d’inviter la communauté internationale à cesser de se cacher derrière un silence coupable. Il a été signé par 12 parlementaires et ancien-ne-s parlementaires, parmi lesquels Denis de la Reussille (PST-POP), Sibel Arslan (Verts) et Carlo Sommaruga (PS), tout trois membres de la Commission des affaires extérieures du Conseil national. n

Amanda Ioset