Le geste qui sauve

santé • Une bonne hygiène des mains, quoi de plus banal. Ce geste anodin est pourtant terriblement efficace pour lutter contre la contamination entre personnes

Depuis les années 90, le professeur de médecine et directeur du programme de prévention et des infections aux HUG, Didier Pittet, se bat pour convertir le personnel soignant à l’utilité de se laver les mains avec une solution hydro-alcoolique pour éliminer les bactéries lors des soins en hôpitaux. Après avoir été prophète dans son pays, créant le «Geneva model», puis donné la recette de sa solution à l’OMS, il sillonne dorénavant inlassablement le monde – de l’Arabie Saoudite au Vietnam – pour le convertir à sa méthode qui permet d’enrayer les maladies nosocomiales, qui continuent à faire des ravages. «A l’échelle des USA, ces maladies tuent 200’000 personnes par an, l’équivalent d’un 747 qui s’écraserait tous les jours, soit une disparition toutes les trois minutes», rappelle le journaliste Thierry Crouzet dans le livre Le geste qui sauve, consacré à l’innovation de Didier Pittet. Autant dire que le projet humaniste du swiss doctor avait de quoi inspirer les cinéastes. Dans leur documentaire, Clean Hands, présenté dans le cadre du FIFDH, Géraldine André et Stéphane Santini synthétisent en une heure – ils avouent avoir réalisé plus de 500 heures de tournage – l’aventure positive d’un engouement sanitaire devenu mondial, lié à la force de conviction d’un homme généreux et modeste, pressenti un temps sur la liste des papables pour les Nobel de la paix. Entre scènes cocasses – où l’on apprend comment obtenir une fatwa des plus hautes autorités religieuses sunnites pour obtenir une autorisation sur l’utilisation d’alcool en pays musulmans – ou plus dramatiques dans le Liberia ravagé par le virus Ebola, la contagion de la méthode Pittet (qui doit aussi au marketing avec la généralisation de l’utilisation du petit flacon «à glisser dans sa poche») est parfaitement retracée, insufflant un peu d’humanité dans notre monde de brutes.

Clean Hands, Géraldine André, Stéphane Santini, Suisse, 2016, bientôt sur Internet, libre de droit.