Un orchestre tremplin pour jeunes musiciens

musique • Destiné à la formation des jeunes diplômés du conservatoire, le Sinfonietta de Lausanne, fondé par Jean-Marc Grob en 1981 et dirigé aujourd’hui par Alexander Mayer, ose des programmes étonnants de Bach à Philip Glass.

Alexander Mayer, successeur de Jean-Marc Grob à la tête du Sinfonietta .

Le Sinfonietta jouait à la salle Métropole de Lausanne Britten, Sibelius et Elgar à son dernier concert d’abonnement de la saison, jeudi dernier. Le programme sortait de l’ordinaire avec, en un même soir, ces trois compositeurs qu’on peut qualifier d’inclassables, des «outsiders», disait Alexander Mayer dans sa présentation. Britten (1913-1976), pacifiste, objecteur de conscience, assumant ouvertement son homosexualité, Elgar (1857-1934), pratiquement autodidacte et catholique en pays anglican, Sibelius (1865-1957), ce Finlandais dont on a exagéré le nationalisme, ont tous trois eu quelque peine à s’imposer, d’autant que leur musique ne s’inscrivait dans aucun des courants modernistes de leur époque. Le Sinfonietta en a servi les couleurs, les nuances, la balance entre les divers registres, déployant une belle sonorité et une musicalité évocatrice pour que vivent les scènes «marines» des interludes de Britten, extraits de l’opéra Peter Grimes, les légendes nordiques, Lemminkäinen, de Sibelius ou les portraits réalistes et ironiques des Enigma variations d’Elgar. Bref, ce fut une excellente prestation menée dans une complicité manifestement enthousiaste entre chef et orchestre, un enthousiasme partagé par le public.

Un orchestre sans cesse renouvelé

Fondé par Jean-Marc Grob, le Sinfonietta qui s’appelait alors Orchestre des Rencontres musicales, est un tremplin pour les jeunes musiciens à leur sortie du conservatoire. Il leur permet de se mesurer avec la carrière qui les attend, de se former au travail d’orchestre. Cela suppose une mutation constante de l’effectif et la gageure de répondre néanmoins à des exigences d’unité et de qualité. Par ailleurs, le choix des programmes de concert se veut d’ouvrir l’orchestre à tous les genres et toutes les époques, sans crainte d’étonner, de dérouter parfois et de mêler grands classiques et œuvres récentes, voire musique dite «légère». Alexander Mayer, qui a repris la direction du Sinfonietta en 2013, propose donc pour les six concerts d’abonnements de la saison prochaine tant la première symphonie de Philip Glass, inscrite au dernier moment en hommage à David Bowie dont l’album Low a inspiré le compositeur, que le concerto pour violon de Beethoven avec Felix Froschhammer, violon solo de l’orchestre, le concerto pour piano de Gerschwin interprété par Tzimon Barto ou la première symphonie de Zemlisky dirigée par une femme cheffe d’orchestre, suisse et australienne, Elena Schwarz, la 9ème de Chostakovitch sous la baguette de Thomas Sanderling, Arvo Pärt, Brahms, Kernis, Britten et Bach au même programme avec l’Ensemble Vocal de Lausanne. Rossini, Respighi, Elgar, Dukas, Haydn, Mozart, Schubert, Frank Martin sont aussi au programme. Par ailleurs, l’orchestre sera sur la scène du Paléo en juillet avec la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak, dans la fosse de l’Opéra de Lausanne pour La vie parisienne d’Offenbach en décembre, accompagnera des chœurs et donnera des concerts scolaires.

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