«Si le monde nous semble imparfait, les prodiges du théâtre et la générosité de notre imaginaire nous aident à le réinventer.» Omar Porras, le directeur depuis l’année passée du Théâtre Kléber-Méleau, veut mettre en dialogue théâtre et musique et son programme 2016-2017, dévoilé au public récemment, alterne spectacles et concerts, classiques et modernes, légèreté et gravité: à l’affiche, Shakespeare, Anouilh, Camus, Proust, Couperin, Satie, chansons, jazz, bal populaire.
Il y aura des créations, des co-productions avec le Théâtre de Carouge- Atelier de Genève et Ensemble EnScéne, deux artistes associés, Odile Cornuz, scénariste et écrivain, ainsi que, comme les années précédentes, Cédric Pescia, pianiste. Omar Porras n’en continuera pas moins à courir les scènes internationales avec son Teatro Malandro et va poursuivre la réalisation de ce qui fut toujours son rêve, une école de théâtre amateur, La Ruche, nouvellement créée sur les lieux à Renens, et dont les comédiens l’entouraient.
Des textes d’auteurs, des acteurs interprètes
La comédie des erreurs de Shakespeare, Amour et Psyché d’après Molière (qui pressé par le temps n’avait pu écrire qu’une partie de cette tragédie-ballet), Le bal des voleurs de Jean Anouilh sont les trois piliers théâtraux de la saison tandis que Michel Voïta présentera Dire Combray, des extraits de Marcel Proust, puis Dire Noces, un récit spectaculaire tiré de textes d’Albert Camus.
Jos Houben s’interrogera sur les mécanismes du rire. C’est la vie verra Jean-Quentin Châtelain dire une succession d’anecdotes, de réflexions et de poèmes qui racontent septante années de la vie de Peter Turrini, dans une mise en scène de Claude Brozzoni. Omar Porras, manifestement, croit encore aux textes d’auteurs, et aux acteurs interprètes.
De la musique d’ici et d’ailleurs
La musique aura la part belle avec, en ouverture le 27 septembre, la reprise de l’Histoire du Soldat de Ramuz et Stravinsky, déjà réalisée en 2003, puis, en fin de saison, selon une tradition solidement établie la semaine concoctée par Cédric Pescia, d’entente avec Omar Porras, a construit une programmation musicale autour d’Erik Satie; Entr’acte, film dadaïste, pré-surréaliste dont le compositeur français écrivit la partition (en un temps où le film était encore muet) sera accompagné par Cédric Pescia en suivant scrupuleusement le rythme des images du film.
Mais on entendra aussi, outre d’autres pièces de Satie, Couperin, Berlioz, Chausson, Dutilleux, Ravel, Debussy, Grisey, avec la participation du Lemanic Modern Ensemble que dirige William Blank, du Quatuor Sine Nomine, de François Guye et de quelques autres solistes. Il y aura aussi, au fil des mois, la Camerata de Lausanne avec Pierre Amoyal et la soprano Charlotte Müller Perrier qui donneront Les Illuminations de Britten entre Barber, Grieg et Brahms, puis Marta Gomez qui chantera la Colombie et l’Amérique latine. On entendra le jazz du Trio Marc Perrenoud, les chants et danses d’Officina Zoè au parfum de Salento dans les Pouilles; Carminho abordera des musiques traditionnelles portugaises, jazz, pop et rock.
Citons encore Les Reines prochaines, cette formation musicale suisse décoiffante, dans un show qu’on nous promet psycho-délirant et pour les nostalgiques des bals populaires, «pour ceux qui souhaitent danser en amoureux, en famille ou seuls», deux soirées avec l’Orchestre Jaune, direction Daniel Perrin, des Bal à dix bals le 26 novembre et le 4 février. Plus qu’une saison théâtrale, Kléber-Méleau propose, on le voit, un programme de rencontres multiples et diverses dont «la musique ordonne et donne le sens et le rythme secret». A noter encore qu’Omar Porras annonce une nouvelle politique tarifaire pour la saison à venir avec un «pass» qui donne droit à des tarifs préférentiels sur tous les spectacles.
www.t-km.ch. Tél. 021 625 84 29 (Billetterie fermée du 11 juillet au 14 août)
