Etonnante, polychrome, ironique ou grave, la musique d’aujourd’hui séduit

musique • Le premier concert de la Société de Musique Contemporaine ouvrait superbement une saison de haut niveau affichant dix concerts à la Haute Ecole de Musique de Lausanne.

Pour marquer les 75 ans de Gérard Zinsstag, né à Genève, mais ayant beaucoup voyagé, la SMC proposait non seulement sa dernière œuvre créée en mai à Zurich, mais un programme composé par lui-même. Il était remarquablement équilibré avec deux pièces du 20ème siècle, de Ligeti et Kurtag, et deux du 21ème siècle, l’une de Phillipe Schœller, en création mondiale, et la Partita de Zinsstag, première audition lausannoise. Les interprètes en étaient l’ensemble d’instruments à vents Zurich Winds, flûte, hautbois, clarinettes, cors et bassons. Ces musiciens impressionnent et séduisent tant par la précision que par l’équilibre et l’alliage des timbres, par l’intelligence et la musicalité de leur jeu. Ils ont admirablement servi la mosaïque sonore des Dix pièces pour quintette à vent de Ligeti, des miniatures, certaines solistiques, dont les entrelacs de mélodies, de figures multiples, de rythmes passent de l’immobilité au mouvement, de la fusion à l’éclatement, tantôt exubérantes et virtuoses, tantôt délicates ou ironiques. Les Fractales voices de Schœller laissaient entendre des plages sonores plus statiques aux chauds assemblages de colorations. Quant au Quintetto per fiati de Kurtag, il résume l’art intimiste du compositeur hongrois, aujourd’hui âgé de 90 ans, en une suite de huit pièces brèves groupées en arche où l’extrême concentration des moyens développe une puissance émotionnelle prenante. La soirée se terminait avec la Partita de Zinsstag dont le compositeur dit lui-même que, dans cette œuvre, il «désire se détacher de certaines contraintes», abandonne donc le côté recherche pour se permettre une musique «plus ouverte, plus ludique et forcément plus mature», avec un étonnant mouvement central fait de souffles et chuintements. On partage avec lui le «plaisir retrouvé», dans les autres mouvements, d’une musique plus intuitive, convaincante parce que plus généreuse, a-t-on envie de dire.

Une riche saison

Prélude d’une riche saison, ce concert invite à d’autres rendez-vous passionnants qui permettront de découvrir des créateurs dont les noms ne figurent pas souvent au programme des concerts, si ce n’est à ceux de la SMC précisément! Certes on n’ignore pas et réentendra avec plaisir Schœnberg, Jarrell, Berio, Cage, Holliger et autres noms connus; en revanche on se laissera surprendre par des Solbiati, Ubaldini, Majd, Sammoutis, Posadas, Tedde, quelques-uns parmi les compositeurs à l’affiche les 21 novembre, 5 décembre, puis de janvier à avril 2017. Rappelons que ces soirées commencent à 19h, avec parfois (c’est le cas le 21 novembre) une présentation qui précède le concert, lequel débute alors, après une brève collation, à 20h. Le 21 novembre, à la salle Utopia l de l’HEMU, rue de la Grotte 2 à Lausanne, on entendra l’Ensemble Contemporain de l’Hemu que dirige le compositeur et chef d’orchestre William Blank dans des pièces de Gervasoni, Schœnberg et Solbiati, avec le guitariste Luigi Attademo et les sopranos Anne-Sophie Petit et Alexandra Dobos Rodriguez.  www.smclausanne.ch