Léo Ferré, les cent piges de l’anar-poète

chanson • Né en 1916, Léo Ferré, chanteur qui se revendiquait de l’anarchisme, aurait eu 100 ans en 2016. A cette occasion, sa première maison de disques «Chant du monde» a réédité certains titres. Des albums de réinterprétations sont également en préparation.

chant du Monde a effectué un véritable travail éditorial sur les débuts discographiques de léo ferré
chant du Monde a effectué un véritable travail éditorial sur les débuts discographiques de léo ferré
chant du Monde a effectué un véritable travail éditorial sur les débuts discographiques de léo ferré

Léo, Charles, Albert Ferré est né le 24 août 1916. Cela lui fait donc cent ans cette année. Au-delà des commémorations, plutôt discrètes, comment aborder l’œuvre et se détacher de l’anecdote biographique? Pour les dix ans, puis pour les vingt ans de sa disparition, le label Barclay avait édité deux intégrales qui n’en étaient pas vraiment. Cette fois-ci Barclay a fait dans la parcimonie, impossible de savoir s’il reste des inédits dans les archives de la maison de disque.

Découvrir un Ferré moins connu

Une bonne surprise tout de même avec la réédition du double album Léo Ferrré 73, Seul en scène avec, pour la première fois, l’intégralité du récital enregistré à l’Olympia en 1972, soit dix titres supplémentaires par rapport à l’édition de 1973. Les enregistrements y bénéficient d’un nouveau mixage, avec enfin la suppression de la réverbération utilisée sur les premières parutions. Le résultat est un gain qualitatif très net. Même si Sur la scène, édité par «La mémoire et la mer» en 2001, à partir d’enregistrements de la Radio suisse romande à Lausanne et à Montreux, livre une version qualitativement supérieure de ce tour de chant.

En cette année du centenaire, c’est du côté de Chant du Monde, première maison de disques du chanteur, que l’on trouve un véritable travail éditorial sur les débuts discographiques de Ferré. Le choix de publier les chansons dans la chronologie des séances d’enregistrement offre un cheminement à travers l’œuvre. Trois publications pour découvrir un Ferré un peu moins connu, à des prix plus que raisonnables. Un coffret de neuf CD Monsieur mon passé reprend l’intégrale des enregistrements d’avant Barclay, enregistrements Chant du monde et Odéon (seconde maison de disques du chanteur), ainsi que les premiers titres enregistrés pour Barclay en 1960. Figure également dans ce coffret le premier enregistrement de La chanson du mal aimé, qui date de juin 1957, avec l’Orchestre National de la Radiodiffusion Française dirigé par Léo Ferré. Réédition aussi de L’affiche rouge Léo ferré chante Louis Aragon & les chansons polémiques de Léo Ferré et L’âme des poètes. Chacune de ces publications est accompagnée d’un livret de présentation rédigé par d’Alain Raemackers, qui documente ce travail éditorial.

Des réinterprétations à venir

A part les rééditions, l’on trouve des albums d’interprétation et/ou de réinterprétation du répertoire de Ferré. Par exemple, les éditions «La mémoire et la mer», dirigées par Mathieu Ferré, le fils de Léo, proposent un album d’Annick Cisaruk – David Venitucci Ou va cet Univers. Ferré a souvent été interprété par des chanteuses, et ce dès ses débuts, avec notamment Catherine Sauvage. Cet album est ainsi à la fois une sorte de retour aux sources et un superbe renouvellement des interprétations. Des versions pleines de vivacité, qui renouvellent le répertoire de très belle manière. Le titre qui donne son nom à l’album est extrait de Poète. Vos papiers!, texte mis en musique par Yves Rousseau.

Un autre projet digne d’intérêt nous vient de Normandie. Un groupe de passionnés autour d’Elian Levavasseur et son label rouennais cyberSonor, ont proposé à différents artistes de (ré)interpréter des titres de Ferré en vue de deux CD. Après plusieurs reports de parution, le premier CD devrait sortir début novembre. Des extraits du premier album, peuvent être écoutés sur «soundcloud.com» ou sur la page Facebook «Léo Ferré ‘’Cent piges’’». Un travail original tant par la forme que par le fond.

Le premier CD ouvre sur une très belle version électrifiée de C’est Extra par Dick Rivers, qui réussit là une des plus belles reprises de «tube» de Ferré. Au fil des dix titres de l’album on trouve notamment Rachid Taha pour une version aux couleurs orientales d’ Elsa, La vie d’artiste par Bruno Putzulu, Geoffrey Oryema pour Thank you Satan habillé de folk blues, Y’en a marre version punk rock par Gogol Premier, Avec le temps par Nilda Fernandez, une Jolie môme aux accents swing manouche par Th.Cojan et le trio Noe Reinhardt, Ton style aux couleurs rock par Axel Bauer, Les anarchistes par Gul Deboa et l’album se ferme par une chanson peu connue, La faim, interprétée par le groupe vocal a capella de seize chanteuses «22 V’là les filles». Le CD devrait bénéficier d’une distribution en Suisse par Musicast. Un deuxième album sortira en mai 2017. Donc l’occasion d’en reparler…