Vincent Keller, fervent admirateur de Marianne Huguenin

Vaud • Docteur en sciences informatiques de l’EPFL, Vincent Keller a longtemps été conseiller communal à Renens pour le POP-Fourmi Rouge. Depuis l’année dernière, il est député au Grand Conseil vaudois pour le groupe A Gauche toute.

©Chantal Borel

Parlez-nous de vos origines (famille, politique, formation professionnelle…)

Vincent Keller Ma mère est institutrice et organiste, elle a longtemps travaillé avec les classes allophones du côté de Prilly et collaboré avec Appartenance. Elle a habité Renens pendant 25 ans où elle votait toujours POP Fourmi Rouge. Aujourd’hui en Valais, à chaque élection nous avons toujours la même discussion et je vois le même désespoir dans ses yeux: «Tu veux que je vote quoi ici ? J’ai le choix entre le PDC et le PLR…. ». Mon père a été membre du POP à Renens avant de déchanter et démissionner à cause du peu de vision écologique de notre parti. À l’époque c’était «Si le patron vient à l’usine en voiture, alors il faut que l’ouvrier le puisse aussi». Heureusement, cela a radicalement changé depuis!

Parmi leurs amis que j’ai côtoyés gamin, il y a des camarades qui le sont encore aujourd’hui. Des véritables piliers du POP: Verena Berseth bien sûr, Suzanne Sisto-Zoller ou encore Jean-Pierre Leyvraz. C’est dans ce monde de gauche que j’ai grandi. Mais je n’oublie pas non plus les longues discussions politiques avec mes grands-parents. Le grand-père maternel d’abord, «vrai Radical vaudois» comme il aime à dire et ancien postier du village des Avants. Nous avons été parfois d’accord, notamment lorsque le POP a participé à la récolte de signatures pour le référendum contre la privatisation des PTT en 1996. Mon grand-père paternel ensuite, qui ne cachait pas son amour pour la Suisse. J’ai appris avec lui que même avec d’immenses connaissances du monde telles qu’il avait, avoir des racines est aussi fondamental. Et moi là au milieu, parmi tous ces exemples de vie, j’ai forgé mes convictions politiques en rencontrant des gens comme Josef Zisyadis, Bernard Métraux ou Pierre Payot. Mais celle qui restera comme l’étincelle – l’éclair devrais-je dire – c’est Marianne Huguenin pour qui j’ai une admiration sans bornes pour son côté visionnaire et rassembleur. Il n’y a qu’une Marianne Huguenin par siècle, j’ai eu la chance de la rencontrer.

Depuis un peu plus d’une année vous êtes député, que représente pour vous cette fonction?

C’est avant tout un acte militant. Cinq députés de gauche sur 150, cela ne représente pas une grande force politique institutionnelle. Cela permet cependant de faire passer des idées, et rappeler à nos cousins socialistes qu’un jour, eux aussi, ont été un parti de gauche qui défendait les plus faibles. Dans les grands débats de la législature, nous sommes souvent seuls mais notre voix porte, comme ce fut le cas avec la RIE III cantonale où malgré l’alliance PSV-PLR, le référendum est arrivé au bout.

Quels sont vos objectifs principaux et les sujets sur lesquels vous avez envie de vous battre?

Il va falloir gérer les dégâts de la RIE III cantonale sur les finances cantonales et communales. Parce que ceux qui vont trinquer, seront évidemment les plus faibles ainsi que la classe moyenne. Ces gens-là comptent sur nous. Nous les défendrons.

Est-ce facile pour un petit parti comme le vôtre de se faire entendre au parlement vaudois ?

Les grands débats de la législature sont derrière. Le PS et le PLR ne vont pas se lancer dans un chantier dans lequel ils risquent de perdre des plumes au printemps prochain. Preuve en est la dernière manœuvre pour repousser d’un an la décision sur l’initiative de prise en charge des soins dentaires par le frère siamois de Pascal Broulis, Pierre-Yves Maillard.

Comment voyez-vous l’avenir du POP et quels combats votre parti va devoir mener ces prochaines années?

Le POP a très souvent raison. Mais parfois il ne faut pas avoir raison tout seul ou avant les autres. Nous devrons continuer à garder notre ligne directrice de défense des plus faibles et des exclus de cette société libérale. Cela passe par du travail parlementaire mais pas seulement. L’immense travail associatif fait par les membres du POP est tout autant majeur pour que nos idées fortes continuent à être entendues. Je suis admiratif du travail sans relâche des Jeunes POP par exemple. Voilà une équipe que l’on peut voir associée à presque tous les combats.

Vous venez de Renens et êtes très attaché à cette région…

J’aime Renens. Viscéralement. Je la considère comme la plus belle ville du monde. Pas au niveau de son architecture, mais au niveau de sa population. Bigarrée, cosmopolite, multiculturelle. Je suis né à Renens, j’y mourrai probablement. Accessoirement, et contrairement au Grand Conseil, faire partie du troisième plus grand parti représenté au Conseil Communal, avec deux excellents municipaux, cela change la donne et permet de construire la ville avec la vision que nous partageons tous au POP. n