Un banquet républicain pour parler asile

Asile • Solidarités sans frontières, l’association de défense des droits politiques et sociaux des personnes migrantes et étrangères a organisé un Banquet républicain pour fêter ses trente ans.

Solidarité sans frontières (Sosf) a fêté cette année ses 30 ans d’existence. Le «Mouvement pour une Suisse ouverte, démocratique et solidaire» (MODS) a en effet été créé en 1986, lors du premier référendum lancé contre une révision de la loi sur l’asile. L’année suivante, des comités régionaux et nationaux se regroupaient sous le nom de «Coordination Asile Suisse» (CAS). A partir de 1996, les deux organisations ont travaillé dans les mêmes locaux à Berne, puis ont fini par se regrouper définitivement en mars 2000.

Un refuge à Belp
Il est toujours un peu difficile de célébrer ce genre d’anniversaire. Car en 30 ans, si certaines choses ont changé, beaucoup sont restées les mêmes: exclusion des personnes migrantes et réfugiées, criminalisation des étrangers et des étrangères, racisme. Les formes de résistance ont évolué, certains groupes ont cessé leurs activités, d’autres sont nés. Les raisons de se battre n’ont pas disparu et le rôle de Sosf – malheureusement d’une certaine manière – est toujours aussi important.

Pour célébrer cet anniversaire, l’association a organisé le 11 novembre un traditionnel banquet républicain sur le thème «La gestion européenne de l’immigration en crise – et la Suisse au milieu». Au 19e siècle en France, ces banquets permettaient de braver l’interdiction de réunion. Le repas commun servait de prétexte aux discussions politiques. Le mouvement de défense de l’asile a repris cette formule, qui permet à chacun d’exprimer ses idées au micro libre. Vendredi dernier, les participant-e-s ont notamment échangé au sujet du refuge récemment ouvert à Belp pour empêcher le renvoi d’une famille Erythréenne vers l’Italie, de la situation des réfugié-e-s sur les îles grecques ou encore des différentes manières de s’engager.

Au terme de la soirée, les participant-e-s ont adopté une résolution portant sur la politique d’asile européenne et la gestion des frontières. Celles-ci sont constamment durcies, alors même que le nombre de personnes en fuite n’a jamais été aussi élevé depuis la deuxième guerre mondiale et que le besoin de protection est criant. La résolution précise que la Suisse peut et doit faire sa part sans attendre une hypothétique coordination européenne qui ne viendra peut-être jamais. En particulier, les signataires demandent aux autorités helvétiques de dénoncer le règlement Dublin et de cesser tous les renvois forcés vers d’autres États européens, de stopper toute participation de la Suisse aux missions de Frontex et de laisser entrer les personnes actuellement bloquées à Côme pour qu’elles puissent déposer une demande d’asile en Suisse ou ailleurs en Europe.