Turbulences sur le Noël de l’aéroport

Genève • L’initiative «Pour un pilotage démocratique de l’aéroport» a abouti, alors que les menaces de grève du personnel Swissport se précisent sur le site de Cointrin pour la période de Noël.

Lancée par plus de dix associations suisses et françaises, environnementales et de riverains, regroupées au sein de la Coordination régionale pour un aéroport de Genève urbain, respectueux de la population et de l’environnement (CARPE), l’initiative «Pour un pilotage démocratique de l’aéroport de Genève» a abouti et sera déposée le 15 décembre à la chancellerie. Tout en rappelant le caractère public de l’aéroport, le texte exige un développement maîtrisé et concerté de l’aéroport, pour assurer un équilibre entre les intérêts de la population, de l’environnement, des organisations internationales et des entreprises locales.

«Les décisions relatives à l’avenir de notre aéroport se prennent dans une tour d’ivoire, entre Berne et Genève. La voix des premiers concernés, les communes et la population de la région, n’est pas entendue et le Grand Conseil lui-même n’a pas voix au chapitre. Il est urgent de reprendre la main sur l’avenir de notre aéroport, alors que le Conseil fédéral met la dernière main au «plan sectoriel d’infrastructure aéronautique» (PSIA) qui scelle un développement débridé de l’aéroport de Genève sacrifiant la population aux nuisances», relève la CARPE, qui mise sur la qualité plutôt que la quantité et sur un aéroport efficace «qui réponde aux besoins prioritaires des organisations internationales et de l’économie régionale, mais préserve également la santé de la population, la valeur de notre sol et l’environnement».

Les employés de Swissport en colère
Dans le même temps, la situation sociale à Cointrin se tend et le personnel au sol est en grogne. Les travailleurs de Swissport Genève sont prêts à bloquer l’aéroport en fin d’année, suite à l’échec des négociations entre le personnel et la direction pour le renouvellement de la Convention collective de travail (CCT). Une tentative de conciliation devant la Chambre des relations collectives de travail (CRCT) n’a pas abouti.

Dans un communiqué, le syndicat SSP rappelle que Swissport, en mains des Chinois de HNA depuis 2015, «engage massivement du personnel précaire sous statut auxiliaire ou intérimaire, dépassant désormais la moitié de l’effectif de l’entreprise. La flexibilité des horaires est totale. Les salaires sont indécents pour une des villes les plus chères au monde». En 2016, les salaires des employés genevois ont été gelés et aucune augmentation n’est prévue. Des salaires bruts de 18,90 francs sont courants. «La responsabilité de ce gâchis incombe à la direction de Swissport.

Tout retard dans l’enregistrement des passagers, dans l’acheminement des bagages et du cargo, dans l’assistance aux pilotes, sera dû à la politique des dirigeants de Swissport. La réputation de la Genève internationale sera entachée, le tourisme suisse en sera affecté et des vacanciers de la fin d’année seront mécontents», tire à boulets rouges Jamshid Pouranpir, secrétaire syndical de SSP-aviation. Il dénonce aussi l’attitude partiale de la direction de l’aéroport international de Genève (AIG) et de son porte-parole, Bernard Stämpfli, qui s’offusque de ce mouvement et de cette rupture de la paix du travail. «Celle-ci est un principe inscrit dans les conventions collectives de travail qui n’est plus applicable en l’occurrence. Après l’échec de la conciliation devant la CRCT, le conflit de travail est programmé. Swissport, que M. Stämpfli semble défendre, a rompu les négociations et formule des menaces contre les employés-es qui ont décidé de se défendre», assure Jamshid Pouranpir.