Le changement d’année apporte d’ordinaire avec lui l’espoir d’un monde pacifié. Pour 2017 en revanche, si cette perspective existait dans l’esprit optimiste de quelques-uns, elle a bien vite disparu avec le nouveau déploiement militaire étasunien en Europe de l’Est, sans précédent depuis la fin de la guerre froide. Vendredi 6 janvier en effet, les premiers véhicules et équipements de la «3rd Armored Brigade Combat Team» de la 4e division d’infanterie de Fort Carson, Colorado, arrivaient au port de Bremerhaven (Allemagne). En tout, environ 2800 pièces (chars de combat, véhicules et autre matériel) seront ensuite acheminées vers la Pologne, puis vers différents pays de l’Estonie à la Bulgarie. Quant aux soldats, 4000 arriveront au cours des prochaines semaines.
Ce déploiement étasunien en Europe fait partie de l’opération «Atlantic Resolve», initiée en 2014 par le Pentagone suite au rattachement de la Crimée à la Russie. Elle viserait, d’après le site officiel de l’armée états-unienne en Europe, à «rassurer les partenaires des États-Unis et leurs alliés de l’OTAN sur l’engagement de l’Amérique pour la paix et la stabilité de la région suite à l’intervention russe en Ukraine». Des armes pour garantir la paix, donc. Pourtant, avec l’arrivée de cette nouvelle unité, l’US Army disposera désormais en permanence de trois brigades de combat en Europe. L’escalade des tensions avec la Russie est réelle et pourrait bien déboucher sur d’autres guerres, semblable à celle en Ukraine.
Pour les 32 organisations – dont le parti communiste allemand (DKP) et le parti de gauche Die Linke – qui ont signé l’appel à manifester à Bremerhaven vendredi dernier, ces manœuvres militaires ne constituent pas une simple protection face à une possible menace russe – comme le prétendent l’OTAN et l’armée étasunienne – mais bien une préparation à la guerre. Les 400 manifestants ont dénoncé l’escalade des hostilités vis-à-vis de la Russie et l’utilisation de leur port à cette fin. Sebastian Rave, membre du comité de Die Linke Bremen, a rappelé quant à lui qu’il faut se méfier de ceux qui prétendent vouloir apporter la paix en préparant la guerre: «Il ne s’agit pour aucune des parties de garantir les droits humains ou la démocratie mais bien de défendre leur sphère d’influence et les profits de leurs capitalistes».
