Neuchâtel pourrait emboîter le pas à Lausanne

Neuchâtel • Si le harcèlement de rue n’a rien de nouveau, il est aujourd’hui mieux connu et plus souvent dénoncé. En ville de Neuchâtel, le groupe PopVertSol demande au Conseil communal de s’attaquer aux causes de ce phénomène par la prévention.

Le harcèlement de rue, la plupart des femmes et des personnes LGBT l’ont subi ou le subissent régulièrement. Pourtant, l’expérience reste difficile à décrire et les victimes font souvent l’objet de moqueries masculines si elles essaient de le dénoncer.

Suite à une interpellation, la Ville de Lausanne a consacré une page à cette question sur son site internet. La définition qu’elle donne du harcèlement de rue permet de mieux cerner ce phénomène: «[Il] désigne les comportements adressés aux personnes dans les lieux publics visant à les interpeller verbalement ou non, en leur envoyant des messages intimidants, insistants, irrespectueux, humiliants, menaçants, insultants en raison de leur sexe, de leur genre ou de leur orientation sexuelle.» Ces comportements peuvent être distants (regards insistants, sifflements, commentaires sur le physique ou sur la tenue vestimentaire) ou au contraire très intrusifs (poursuites, frottements, avances sexuelles, attouchements).

Poursuivie en pleine nuit

Ces comportements (pour la plupart) ne sont pas punissables pénalement. Cependant, toutes les enquêtes réalisées sur cette question prouvent que le harcèlement de rue est un phénomène largement répandu et qu’il génère un sentiment de peur et d’insécurité chez les personnes qui le subissent. L’enquête réalisée par la Ville de Lausanne en juin et juillet 2016 a démontré que 72% des femmes âgées de 16 à 25 ans avaient été confrontées à au moins un épisode de harcèlement de rue à Lausanne lors des 12 derniers mois précédant l’enquête. 63% des victimes ont dit avoir été insultées et 32% ont dit avoir subi des attouchements. Ces résultats ont convaincu la ville de mettre en place des actions concrètes d’ici fin 2017: préservation du domaine public, renforcement des victimes potentielles, des témoins et des acteurs de sécurité au sens large, prévention.

Un espace public sûr et hospitalier
En ville de Neuchâtel, le groupe PopVertSol a récemment déposé un arrêté signé par Marion Zwygart, qui insiste particulièrement sur la prévention. Le groupe demande en effet que le Conseil communal pratique une politique active et volontariste de prévention du harcèlement de rue. Il doit en particulier mener ou susciter des actions dans le domaine de la sensibilisation et de la sécurité (formation des médiateurs urbains, sensibilisation du public), de la formation (formation du personnel des crèches, des structures d’accueil, du personnel éducatif et enseignant, des élèves et du personnel des transports publics) et de l’information (campagnes d’affichage à destination du grand public, développement d’une application smartphone). L’arrêté précise que la Ville doit participer au développement aux actions menées sur le plan cantonal, fédéral ou international, comme la Semaine internationale contre le harcèlement. Le texte sera débattu à la prochaine séance du Conseil général, le 13 mars 2017.

La section du POP littoral a longuement discuté de ce sujet lors d’une séance. Les hommes présents, déjà conscients du problème, ont pu se rendre compte de son ampleur en particulier en écoutant les femmes présentes raconter des épisodes de harcèlement de rue qu’elles avaient vécu. Une camarade s’est notamment souvenue que dans un cas particulièrement extrême, elle avait même dû s’enfuir en courant car un homme était brusquement descendu de sa voiture pour la poursuivre en pleine nuit. Les échanges ont convaincu tout le monde que la lutte contre le harcèlement de rue profiterait à tous, femmes et hommes, ces derniers risquant toujours d’être pris pour des prédateurs.

«Quand je marche derrière une femme la nuit, je me dépêche de la dépasser pour qu’elle ne croie pas que je suis en train de la suivre», a même confié un camarade. Pour la conseillère générale POP Ariane Tripet, il est clair qu’en la matière, les collectivités publiques ont un rôle important à jouer: «La Ville doit sensibiliser la population dans son ensemble pour permettre aux victimes et aux harceleurs de renouer le dialogue de manière saine et respectueuse, pour que l’espace public soit un lieu sûr et hospitalier pour tout le monde et à toute heure».