La question basque passe par la Suisse

Pays Basque • Deux membres de l’association Etxerat sont passés par Berne dans le cadre de leur tournée européenne pour sensibiliser sur la condition des prisonniers basques.

La problématique des prisonniers politiques basques et de leur traitement de la part de l’Etat espagnol a refait surface en Suisse avec l’histoire de Nekane Txapartegi. Arrêtée à Zurich en avril 2016, cette militante basque se trouve depuis onze mois en détention. Elle risque d’être renvoyée en Espagne pour y purger une peine de six ans et neuf mois, alors qu’elle a été condamnée suite à des déclarations obtenues sous la torture. Les autorités suisses n’ont pas encore décidé: admettre la torture et refuser l’extradition, risquant ainsi de créer un incident diplomatique, ou renvoyer la militante et donc violer l’article 6 de la convention européenne des droits de l’homme (droit à un procès équitable).

Des prisonniers dispersés
C’est pour parler de tels cas et de la situation des prisonniers politiques en Espagne et en France que deux membres de l’association basque Etxerat – Urtzi Errazkin et Gentzane Callejo – parcourent actuellement l’Europe. Etxerat regroupe les familles et les amis de prisonniers, exilés et déportés politiques basques. Elle leur offre assistance, conseil et accompagnement dans une situation douloureuse, mais elle dénonce également les violations des droits tant des prisonniers que de leurs proches.

Le rapport sur les droits humains des prisonniers basques pour motifs politiques réalisé en avril 2016 par sept membres du Parlement européen soulève à ce sujet deux problèmes fondamentaux. Le premier est la politique de dispersion des prisonniers politiques basques, une mesure discriminatoire appliquée depuis plusieurs décennies. En raison des distances à effectuer et des coûts ainsi engendrés, cette politique complique pour le prisonnier le maintien d’une relation avec famille et amis. Elle peut également avoir de graves conséquences sur les proches qui doivent parcourir des centaines de kilomètres pour rendre visite au prisonnier.

En 2014, des membres de familles de prisonniers ont subi 9 accidents. Depuis 1988, 16 proches sont morts à l’aller ou au retour d’une visite. Les demandes de transfert en raison d’un âge avancé, de problèmes de santé ou des difficultés à voir les enfants sont en général rejetées. Le second problème soulevé par le rapport concerne la situation des prisonniers gravement malades. En avril 2016, 18 prisonniers souffraient de maladies graves et incurables comme la schizophrénie, la sclérose en plaques ou encore le VIH. Des conditions d’incarcération difficiles, une pression constante et un suivi médical réduit au minimum compliquent encore la vie des malades.

Selon le rapport des eurodéputés, dans de tels cas, la libération des prisonniers les aiderait à être traités de manière adéquate et à éviter que leur situation n’empire. La législation antiterroriste espagnole est la plus dure d’Europe. Les personnes accusées – à tort ou à raison – d’activités terroristes ou de collaboration avec une organisation terroriste en font les frais. Les discriminations que subissent les prisonniers basques empoisonnent leur vie et celle de leurs proches. Encore un argument qui vient s’ajouter à la liste des raisons qui devraient pousser la Suisse à renoncer à l’extradition de Nekane Txapartegi.