Les assurés encore tondus!

Il faut le dire • Le financement de la santé est en crise, certes, mais encore une fois la majorité du Conseil National a décidé d’en faire porter le chapeau aux assurés!

Le financement de la santé est en crise, certes, mais encore une fois la majorité du Conseil National a décidé d’en faire porter le chapeau aux assurés! Au nom de la «responsabilisation» des patients (qui consommeraient trop de soins par plaisir!), il est prévu – pour autant que le Conseil des Etats s’y rallie – que la franchise minimale soit fixée à 350 fr et qu’elle augmente par paliers de 50 fr, suivant la hausse des coûts de santé globaux par habitant et par an. Et dans la foulée le Conseil national veut bloquer les franchises durant trois ans. Preuve que le lobby des malades est moins fort que celui des médecins, des assureurs ou des pharmas.

Le plaidoyer de la conseillère nationale Rebecca Ruiz, au nom de la Fédération des patients suisse, est resté vain. « Cette charge supplémentaire est injuste, injustifiée et met en péril le système solidaire sur lequel la loi fédérale sur l’assurance maladie est fondée», a martelé Rebecca Ruiz. Alain Berset est également intervenu dans le débat : «On ne doit pas attendre de miracles: cette mesure ne va pas freiner les coûts de la santé. Ce n’est rien d’autre qu’un transfert d’une poche à une autre». Dit entre les lignes, des assurances vers les assurés!

Pourtant en termes de «responsabilisation», les autres acteurs du système de santé ont plus à faire que les patients/assurés, pris au piège d’un système peu équitable: doit-on rappeler que selon des chiffres de l’OCDE, les ménages suisses paient déjà directement 30% des dépenses de santé (contre 12% en Allemagne et 10% en France) et qu’en plus les primes d’assurances ne sont pas proportionnelles au revenu?

Les médecins ne devraient-ils pas admettre qu’il y a des rémunérations injustes et exagérées? Les pharmas et les entreprises de matériel médical dont les actionnaires demandent des rendements à 2 chiffres ont-ils oublié que le sens de leur travail est d’apporter des moyens de soulager des souffrances et donc leur contribution au maintien ou la récupération de la santé?

Les assureurs, héritiers des mutualités créées par les syndicats il y a 100 ans, ont-ils oublié que leur principe fondateur était la solidarité? La dérive est là et pas chez les assurés. La santé est devenue un marché et les prestataires, (assureurs, pharmas et médecins…) gèrent des entreprises qui sont d’autant plus valorisées qu’elles génèrent des bénéfices et des rémunérations faramineuses à leurs directeurs.

C’est une fois de plus l’économie de marché qui nous étrangle tous et qui mine le sens de la solidarité. C’est là le centre de notre combat. Il faut le dire et le redire!