ONU Femmes: soyons la génération de l’égalité!

8 mars • Voilà plus d’un siècle qu’ont lieu annuellement des journées internationales consacrées aux droits des femmes. Malgré des améliorations à l’échelle planétaire, le chemin vers l’égalité est encore long.

La création de la «journée internationale des femmes» est proposée à l’origine en 1910 par Clara Zetkin, enseignante journaliste et femme politique (marxiste) allemande, lors de la conférence internationale des femmes socialistes. La date du 8 mars (23 février du calendrier julien d’alors) sera fixée en 1917 avec la grève des ouvrières de Saint-Pétersbourg (Petrograd à l’époque) qui réclament de la paix et du pain. Après la seconde guerre mondiale, la tradition s’étend de par le monde. En 1977, dans un contexte de regain des mouvements féministes, elle est reconnue officiellement par les Nations unies (ONU). Cinq années plus tard, la France la reprend à son compte sous l’appellation, Journée internationale des droits des femmes. L’édition de 2020, sous l’égide de l’ONU, s’intitulera «Je suis la génération égalité, pour le droit des femmes et un futur égalitaire».

En préambule à celle-ci, la Directrice exécutive d’ONU Femmes, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, a fait état, via un discours vidéo, des améliorations accomplies et surtout à accomplir dans ce combat d’envergure mondiale. Elle souligne d’abord les changements positifs «que nous pouvons célébrer».

En premier lieu, la diminution de près de 40% du taux de décès maternels au cours des vingt dernières années. A cela, elle ajoute la promulgation par 131 nations de réformes juridiques en soutien à l’égalité des sexes, ou encore le fait que la majorité des pays du monde possèdent, aujourd’hui, des lois contre les violences domestiques. Dernier constat réjouissant, un nombre plus élevé que jamais de filles accède à l’école. «Cela dit même là où des progrès sont réalisés, nos meilleurs efforts ne suffisent pas, et aucun pays n’est parvenu à surmonter tous les obstacles», précise-telle. Ainsi par exemple, malgré l’amélioration des taux de scolarisation, 10% des jeunes femmes ne savent toujours pas lire et écrire.

La représentation politique laisse également à désirer avec (seulement!) un quart des parlementaires appartenant au «deuxième sexe». Pour Mme Mlambo-Ngcuka, une solution possible consisterait en l’instauration de quotas juridiquement contraignants, comme en ont déjà adopté plus de 75 pays dans le monde. Elle souligne, par ailleurs, la faible présence des femmes autour des tables de négociation de paix, où la majorité des négociateur.rice.s sont des hommes. «Bien que nous sachions que la participation des femmes débouche sur des accords de paix plus durables, les femmes continuent d’être marginalisées», s’exclame-t-elle. Finalement, l’aspect contribuant le plus à son «sentiment profond d’impatience» concerne le statu quo en matière d’inégalités économiques.

Pour elle, les femmes consacrant trois fois plus de temps (et donc d’énergie) que les hommes aux tâches ménagères, elles sont privées d’un accès équitable à l’éducation, au marché du travail et donc à des revenus potentiels, ce qui contribue à perpétuer la pauvreté. De plus, le risque pour une jeune femme élevant des enfants de vivre dans une extrême pauvreté est 25% plus élevé que celui des hommes, affectant plusieurs millions de jeunes enfants. Toujours selon la directrice d’ONU Femmes, la solution réside dans l’établissement de politiques efficaces promouvant, d’une part, une plus grande égalité dans les responsabilités familiales, et d’autre part, prévoyant un appui étatique aux familles et personnes travaillant dans «le secteur informel».

Si vous souhaitez en savoir plus sur les origines (communistes) de cette journée internationale, rendez-vous le samedi 7 mars, à 19h, à la salle Vernier Place, pour une conférence à propos des luttes des femmes, d’hier à aujourd’hui, organisée par le Parti du Travail.