Elèves en souffrance

Vaud • Une maîtresse de Renens témoigne sur l’enseignement pratiqué dans le canton lors des deux mois de confinement.

Face à l’urgence sanitaire, il a fallu adapter l’enseignement même si l’attachement à une scolarité traditionnelle est difficile à bouleverser. Du côté des adultes, impréparation et manque d’anticipation ont été au rendez-vous. Entre les problèmes informatiques, les directives qui ont tardé, les libertés prises face à la préservation des données personnelles (zoom et whatsapp), ils ont dû s’adapter au mieux selon leur compétence et leur disponibilité.

La toute récente suppression des examens de certificat en est un exemple. Tout le temps passé à les préparer aurait pu être consacré à la recherche d’une place d’apprentissage notamment. Au final, ceux qui ont le plus souffert de la situation, ce sont les élèves.

Des élèves en difficulté

Il y a les cas les plus difficiles, pour qui l’arrêt de l’école n’a pas du tout été vécu comme des semi-vacances, mais comme l’augmentation des carences familiales, déjà difficiles à vivre en temps normal. La bouffée d’air que représente l’école leur fait cruellement défaut. Et pour certains, les prises en charge par des structures d’accueil ont été reportées.

Il y a aussi toutes ces situations aux- quelles on ne pense que lorsqu’on y est confronté: l’intrusion d’une caméra dans la sphère privée qui gêne, la difficulté de partager le seul ordinateur familial avec les frères et sœurs, le peu d’ergonomie du smartphone et les difficultés financières qui empêchent de gaspiller encre et papier. Le confinement, c’est l’amplification des phénomènes que l’on retrouvait déjà en classe, mais sur lesquels on pouvait parfois agir, alors qu’à distance cela devient très difficile.

Les élèves démissionnaires disparaissent plus ou moins des radars et plongent dans les mauvaises habitudes – addictions diverses, horaires chaotiques. De leur côté, les élèves en grandes difficultés scolaires utilisent l’écran comme un bouclier pendant que leurs lacunes augmentent. Pour finir, les élèves sans assistance adulte sont moins bien épaulés dans leur recherche d’une place d’apprentissage, par exemple. Pour une minorité d’élèves, le confinement est une chance.

Augmentation des inégalités

Certains ont pu bénéficier d’un enseignement individualisé. D’autres ont profité à la maison d’un espace au calme alors qu’en classe, leur attention est parfois déviée ailleurs. Finalement, les plus réfractaires à la rigidité des horaires, ont saisi cette chance d’organiser leur journée et de gagner en autonomie. Il est certain que le confinement a augmenté les inégalités sociales. Espérons tout de même que cela sera bénéfique à certains pour gagner en maturité. Et que pour les autres, l’école saura mettre les moyens nécessaires pour les aider à rattraper ces longues semaines qui vont marquer à n’en pas douter leur scolarité.