Les pales de la discorde

Couurier les lecteurs • Les riverains sont vent debout contre le projet de centrale éolienne des Quatre Bornes, soutenu par les autorités. Ils veulent privilégier les économies d’énergie. (Par Paul Sautebin, Sonvilier)

La crise globale se déploie. Le réchauffement climatique, la crise sanitaire, la destruction des écosystèmes et bien sûr les insoutenables inégalités sociales, globales et locales ont en commun de souffrir des mêmes maux. Soit le sys-tème business productiviste comme but en soi. Ceci à l’insu de l’intérêt du plus grand nombre et de la nature. En 2040 déjà la température aura atteint un degré de plus qu’aujourd’hui, c’est-à-dire deux degrés en sus qu’en 1950. La plupart des villes européennes passeront des saisons à 40° le jour, cyclone, inondation et sécheresse ainsi que le feu serons le lot du futur. Une bonne partie des forêts de l’Arc Jurassien sont déjà en péril et augure d’un paysage sinistré. L’agriculture aura perdu sa pleine capacité productive si la revitalisation des sols ne devient pas une priorité politique.

Aujourd’hui l’enjeu n’est donc pas de produire plus d’énergie, mais de commencer par réduire son utilisation qui génère un gaspillage estimé à 30%. La production industrielle de marchandises futiles, machines, voitures, appareils à obsolescence programmée, robotique destructive de places de travail, 5G boulimique, etc.

S’y ajoute le gaspillage privé et des collectivités publiques. Une folle course-poursuite, un toujours plus vite sans fin pour honorer des dividendes. L’État y va du sien avec la «stratégie énergétique 2050» de la Confédération. Elle prône une croissance énergétique annuelle de 3 à 4% l’an. Perspective insoutenable en rapport aux défis planétaires.

Certes, les énergies renouvelables – éolienne, solaire, marée, le géothermique… – sont une des alternatives possibles au fossile et au nucléaire. Mais les produire aujourd’hui sans remettre en cause leur usage revient à laisser libre cours à la fuite en avant du productivisme, qui met en danger la vie sur terre. Il convient donc de déployer des mesures limitant son gaspillage à la source: la production industrielle. Ainsi assainir le chauffage des bâtiments, revitaliser les forêts et l’agriculture. Ce qui nécessite aussi des revalorisations professionnelles. Dire non aujourd’hui aux projets éoliens des Quatre Bornes de Sonvilier et de la Géothermie de Glovelier n’est pas s’opposer aux énergies renouvelables par principe.

C’est refuser que les fonds publics continuent de nourrir le productivisme industriel et consumériste. Cela plutôt que soutenir une transition d’économies d’énergie en cohérence avec le défi climatique, environnemental et de la réorganisation de la société.