J’ai épousé une infirmière

Témoignage • Je vous avais écrit il y a 2 ans pour partager la vie d’une épouse infirmière. Un moyen de pouvoir rendre compte du quotidien de cette profession qu’on applaudit à grandes mains. Mais pour qui rien n’avance vraiment. (Par Céline Misiego, paru dans Résistance)

Depuis, mon épouse qui a commencé à travailler fin 2016, est déjà la deuxième plus expérimentée de son service. Oui, car la durée de vie professionnelle d’une infirmière à plein temps à l’hôpital se situe entre 2 et 5 ans. Alarmant, n’est-ce pas?

Cela est bien connu de nos dirigeants. Pourtant, ils ne semblent pas s’en soucier, même quand arrive une crise sanitaire sans précédent, mettant sous pression ce personnel et en lumière – pour celles et ceux qui en doutaient encore – leur absolue nécessité en première ligne. Cela aura au moins eu le mérite de mettre d’accord l’ensemble de la classe politique, car aucun élu n’aurait l’audace de contester l’importance de ces professionnels.

J’ai épousé une infirmière

Je vous avais écrit il y a 2 ans pour partager la vie d’une épouse infirmière. Un moyen de pouvoir rendre compte du quotidien de cette profession qu’on applaudit à grandes mains. Mais pour qui rien n’avance vraiment.

Mais malheureusement ça s’arrête là. Car certains ont eu beau proposer améliorations des conditions de travail, meilleure dotation en personnel ou encore une prime exceptionnelle, la majorité politique de droite refuse encore et toujours d’entrer en matière, prétextant encore et toujours vouloir contenir les coûts de la santé! Ceci en dépit du fait que de meilleures conditions de travail permettent une meilleure qualité des soins, ce qui engendrerait de facto une baisse des coûts. Et tout cela sans compter ceux causés par les burn-out chez le personnel soignant. CQFD Mesdames et Messieurs les grands économistes. Et ça, je dois l’expliquer à mon épouse quand je rentre du Grand Conseil, alors que j’aimerais tant pouvoir rentrer à la maison avec de bonnes nouvelles pour elle et pour l’hôpital public.

Personnel et moyens supplémentaires

Pourtant, le personnel infirmier l’a bien compris lui, car c’est sa première et principale revendication. Avant de demander un meilleur salaire, plus de vacances, une prime, ce qu’ils et elles demandent, c’est plus de personnel qualifié et de moyens dans les services pour pouvoir mieux s’occuper de leurs patients; mais aussi afin d’exercer correctement la profession qu’ils et elles ont choisie et pour laquelle ces personnes ont investi 4 ans de leur vie à être formé.e.s, sans avoir l’impression de bâcler leur travail ou d’avoir trop vite quitté un patient, faute de temps.
Cet état de fait affecte mon épouse, je le vois bien. Mais je sais qu’elle et ses collègues ne baisseront pas les bras, ce qui me rend très fière et force mon respect. Non seulement pour ma femme, mais pour l’ensemble de la profession dont on minimise la complexité de l’activité.

Sinon, à part ça qu’a-t-elle reçu, de même que ses collègues, pour leur implication sans faille durant la pandémie? Un gel hydroalcoolique et un pot de Nivea… Ah oui, elle a aussi reçu vos applaudissements chaque soir à 21h. Et même si ça ne l’aide pas à se nourrir, ça lui a donné le sourire et bon sang ce que j’aime la voir sourire!