Uber ou l’apprenti patron

Vaud • Le Tribunal des prud’hommes lausannois et la Cour d’appel cantonale ont reconnu à un chauffeur qu’Uber avait licencié de manière injustifiée, le statut de salarié.

L’entreprise américaine de services Uber n’ayant pas déposé de recours devant le Tribunal Fédéral, le jugement entre en force. Pour le syndicat Unia, dont l’ex-chauffeur est membre, il s’agit d’un jalon dans le «dossier Uber», dont l’importance va bien au-delà du cas individuel. «Le tribunal qualifie la relation qui lie le chauffeur à Uber… de contrat de travail. Comme tous les chauffeurs et chauffeuses de la société Uber travaillent aux mêmes conditions et reçoivent leurs instructions via la même application, cette évaluation peut être généralisée», explique le syndicat.

En conséquence, les travailleurs et les travailleuses de la plateforme seraient désormais des employé.e.s. Pour Unia, l’entreprise commet donc des infractions et «les cantons doivent rapidement veiller à ce qu’Uber assume ses obligations d’employeur et respecte la loi sur le travail.» Ainsi, les chauffeurs.ses ne recevraient toujours pas le salaire qui leur est dû. Il ne leur serait également pas versé de remboursement de frais pour les véhicules privés et les téléphones professionnels. Ils.elles ne toucheraient également aucune indemnité de vacances. «C’est illégal», s’insurge le syndicat. Unia note que cet «apprenti» employeur n’annoncerait pas non plus ses employé.e.s auprès des assurances obligatoires.

Il demande désormais à ce que soit mis un terme «aux excuses de la plupart des autorités cantonales qui ont toujours indiqué qu’il n’existait pas encore de jugement exécutoire». Et rappelle qu’il ne s’agit pas que de principes de droit public, mais également d’argent pour les travailleurs.euses de la plateforme. Selon ses calculs, Unia, estime qu’Uber doit, de manière rétroactive, plusieurs centaines de millions de francs à ses quelques milliers de conducteurs et conductrices, pour la période allant de 2013 à 2020.
Être patron, tout un métier..