Le bilan des trois élus municipaux du POP

Elections communales vaudoises • Le 7 mars, le POP présente 4 candidat.e.s pour des postes à la Municipalité: Carole Castillo, Didier Divorne et Karine Clerc sur une liste Fourmi Rouge à Renens, et David Payot sur une liste POP à Lausanne. L’occasion pour les trois municipaux.ales sortant.e.s de présenter leurs expériences et perspectives.

En quoi votre rôle de municipal.e a changé votre perception de la politique?

Karine Clerc En qualité de Municipal.e, on occupe toutes les places: on est dans les lieux où se discutent les projets, les budgets, présent.e.s dans les Directions des grandes institutions et fondations, et dans les services communaux. On est également dans les partis et on participe à la vie civile et associative. On occupe donc une position privilégiée au carrefour des habitant.e.s de la ville, des sociétés locales, des institutions, des commerçant.e.s et des entreprises, des autorités cantonales et régionales. Cela donne la possibilité d’informer sur le fonctionnement de ces différentes entités, de les représenter, d’y faire exister davantage de réalités que celles qu’elles couvrent également.

Didier Divorne La prise en charge d’un dicastère m’a permis de voir de l’intérieur la complexité des rouages administratifs. Et également de voir à quel point le personnel s’identifie à ses activités et prend à coeur de délivrer une prestation qui soit à la hauteur des attentes des collègues et de la population. Ma participation à de nombreux conseils d’administration en tant que représentant de la municipalité a également été très éclairante quand aux différentes possibilités pour une entreprise ou une association de fonctionner.

David Payot Quand je suis entré en fonction, je ne connaissais pas l’administration de l’intérieur. Et je dois dire que c’est une belle découverte: je n’ai pas rencontré des fonctionnaires, j’ai rencontré des professionnel.le.s du service public, qui s’engagent pour répondre aux besoins de la population. Et durant ces cinq ans, j’ai adoré donner la parole aux habitants, et permettre au personnel communal de répondre le mieux possible à ses missions.

Comment faire pour rester proche de la population et des mouvements sociaux lorsqu’on est élu.e?

Karine Clerc Le municipalisme – autogouvernement populaire, théorisé par Murray Bookchin (1921-2006) – est une approche inspirante pour penser les enjeux locaux avec es citoye.ne.s et chercher des moyens de s’en rapprocher. On en est toutefois bien loin dans notre organisation politique. Notre système représentatif a plutôt tendance à éloigner le monde politique des habitant.e.s d’une commune. Le taux d’abstention est élevé. En tant qu’élu.e, on peut créer les conditions qui permettent aux gens de se sentir concernés, écoutés et encourager les initiatives locales, favoriser les informations, les consultations, les regroupements territoriaux et thématiques. Travailler avec les associations, les communautés, les groupes générationnels… partir de ce qui existe… prendre le temps de voir les gens et de dialoguer avec eux. Si on avance tout seul, on risque de devoir faire demi-tour.

Didier Divorne Ce n’est pas un problème en tant que tel. Il faut savoir rester à la disposition de la population, comme en faisant par exemple, comme David, Karine et moi, une permanence citoyenne ouverte à tou.te.s. De plus, on a la chance de croiser souvent des personnes qui nous reconnaissent et nous adressent une demande ou des commentaires sur ce qui se passe dans notre commune. Ces retours nous sont bien entendu indispensables et nous aident dans la compréhension de ce que tout un chacun est amené à vivre.

David Payot Un.e municipal.e POPiste, ce n’est pas seulement une personne sur un siège, c’est un élément d’un parti, qui veut travailler pour et avec les citoyen.ne.s. C’est pour cela qu’une part de mon salaire a servi à financer une conseillère politique. Elle a permis de faire le lien avec le parti, les mouvements sociaux, notre groupe au Conseil communal et avec moi. C’est pour cela que nous tenons une permanence tous les lundis pour les citoyen.ne.s qui ont des problèmes ou des projets, aussi bien individuels que collectifs. C’est pour cela que nous avons organisé pour ces élections un programme populaire en trois étapes: les Lausannois ont pu nous faire leur proposition en décembre, ont pu choisir des priorités parmi ces propositions en janvier, et pourront suivre ces engagements durant les 5 années de la prochaine législature!

Des exemples de vos réalisations concrètes durant la dernière législature?

David Payot L’essentiel de ce bilan tient en trois points. Premièrement, renforcer l’accueil de jour, avec 1000 places de plus, et le développement de projets novateurs accessibles à toutes les familles comme l’espace récréatif de la Grenette. Deuxièmement, développer et rénover les infrastructures scolaires avec 135 millions d’investissements votés durant la législature et un plan d’assainissement et d’extension scolaire pour répondre aux besoins démographiques et d’assainissement énergétique, impliquant 450 millions sur 10 ans. Troisièmement, développer une politique des quartiers, conçue comme un dispositif de démocratie locale, avec le lancement du premier budget participatif de Suisse, l’ouverture du Terrain d’aventures de Malley et de la Maison de quartier du Désert. Mon bilan, ce n’est bien sûr pas le travail d’une seule personne. Je remercie le POP pour m’avoir présenté en 2016 et soutenu ensuite, la Municipalité pour avoir permis de financer ces projets, et tout le personnel de ma direction pour avoir transformé ces objectifs politiques en un service public, et un service au public.

Didier Divorne J’ai eu la chance de terminer quelques projets et d’en démarrer d’autres. Que ce soit un bâtiment scolaire, une nouvelle crèche garderie, un bâtiment culturel tel que la Ferme des Tilleuls ou la Grange de Florissant, toutes ces réalisations ont demandé beaucoup de travail et de sueur. La politique du logement est également un point fort, avec un office qui est très efficace et se met en relation avec les autres partenaires liés au logement.

Karine Clerc Nous avons participé à de nombreux projets. Ils vont de projets urbains à un soutien aux collectifs de quartiers, d’ainés, de soutien aux plus vulnérables et de démarches citoyennes à la construction de lieux d’accueil de jour, de lieux culturels et de projets favorables aux logements accessibles. L’ensemble des réalisations est un travail commun, issu d’impulsions politiques, de collaboration municipale et de travail intercommunal, d’engagement de l’administration. Ce qui fait la différence, ce sont peut-être de petites choses, mais essentielles: distinguer la participation d’une association à un événement comme simple «animatrice» plutôt que conceptrice, et réellement participer à l’élaboration d’un projet urbain ou culturel, reconnaître le travail des acteurs de terrain et leur donner un véritable rôle d’interlocuteur et d’expert. Et en retour, permettre à la population de connaître ses droits, le fonctionnement de l’institution politique et d’y trouver sa place. La politique, ce sont des interactions permanentes, et les conditions de ces interactions.
Entretien réalisé par POP Vaud.

Entretien réalisé par POP Vaud