Vers un printemps social et de luttes

Genève • Les syndicats ont lancé une semaine d’action pour une sortie de crise solidaire et sociale. A Berne, un appel est lancé au Conseil fédéral afin de renforcer les mesures sanitaires et sociales pour les salariés.

Les syndicats informent et soutiennent les personnes endettées devant l’Office cantonal des poursuites à Genève. (JDr)

«Nos revendications ne sont pas nouvelles. On les porte depuis le début de la crise et on les a exprimées dans la rue le 19 décembre dernier afin de proposer une sortie de crise sociale et solidaire, alors que des pans entiers de la population s’appauvrissent à toute vitesse», explique ce mardi Davide De Filippo, président de la CGAS, devant l’Office cantonal des poursuites et sous l’oeil de policiers dépêchés sur le lieu. La mobilisation du jour entre dans le cadre d’une semaine d’action menée par les syndicats pour défendre les salariés et perdants de la crise. Les militants distribuent à tout-va des tracts avec des «commandements d’annuler». Ils sont adressés aux propriétaires, aux régies, aux assureurs, aux banques en leur demandant de renoncer à leurs créances.

Plus de sanctions contre les sans-emploi

«L’effort ne peut pas être toujours porté par les mêmes, alors que certains secteurs ont tiré leur épingle du jeu de la crise, en faisant des bénéfices», renchérit Paolo Gilardi du syndicat SSP. Il rappelle que durant le confinement au mois de mars, l’Etat avait suspendu les poursuites. La semaine d’action se poursuivait en Vieille-Ville le mercredi pour dénoncer les sanctions accrues contre les chômeuses et chômeurs, avec dépôt d’une pétition, forte de plus de 3000 signatures, allant dans ce sens. «On ne peut pas demander aux chômeurs autant de recherches d’emploi dans le contexte actuel», explique Davide De Filippo.

Le jeudi, les militants ont organisé une «Farandole solidaire» afin d’appeler à approuver dans les urnes le 7 mars, le fonds de soutien de 15 millions aux personnes sans revenu durant le confinement. «A ces travailleurs.euses précarisé.es, ouvriers.ères temporaires, employé.e.s de maison, “extras” sur appel dans les restaurants, artistes, ou autres acteurs.trices culturel.les, les référendaires (du MCG et de l’UDC) ne veulent concéder que la charité et la soupe populaire», précise le tract commun.

Le samedi, dès 14h30, une manifestation est prévue dans la zone piétonne du Mont-Blanc pour soutenir la mobilisation des employées de maison. «Avec la pandémie, elles ont été des milliers à avoir été licenciées sur-le-champ ou à avoir perdu de nombreuses heures de travail chez différents employeurs. Parce que nombre de ces derniers ne les déclarent pas aux assurances sociales, ou parce que certaines d’entre elles n’ont pas de permis de séjour, elles n’ont eu droit ni au chômage, ni aux RHT, ni aux APG, ni à rien du tout», souligne le tract commun.

Maintenir les mesures sanitaires

Il n’y a pas qu’à Genève que les syndicats passent à l’offensive. A l’échelle nationale, plusieurs d’entre eux, dont Unia ou le SSP, et associations professionnelles comme l’Association suisse des infirmières (ASI) ont lancé un appel commun pour s’opposer aux «attaques du patronat contre les mesures de protection sanitaires en vigueur» et à une réouverture à la va-vite de l’économie (dès le 28 février pour l’USAM).Ils en appellent le Conseil fédéral à proposer une stratégie de la solidarité, en prenant des mesures sanitaires comme d’autres sur le plan social et économique.

Celles-ci demandent des concepts de protection dans tous les lieux de travail, un strict contrôle et une garantie de déficit par les cantons et la Confédération des hôpitaux reconnus d’intérêt public pour les années 2020 et 2021. De même que des plans d’investissements publics dans ces mêmes hôpitaux, les EMS et les soins à domicile. Sans oublier une compensation à 100% de la RHT jusqu’à un salaire net de 5000 francs pour tous les salarié.e.s. Et une prolongation à 24 mois du droit aux allocations de l’assurance-chômage, l’interdiction des licenciements dans les entreprises qui ont bénéficié d’une aide de l’Etat, ainsi que la suppression de sanctions si l’on fait appel à l’aide sociale, indépendamment du permis de séjour. Le printemps social se déconfine.