La chasse aux sorcières «islamo-gauchistes» continue

France • Le gouvernement continue ses «provocations» à l’encontre des universitaires.

Nous évoquions dans une édition précédente «la chasse aux sorcières», prétendument «islamo-gauchistes», voulue par la Ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal. Le Centre national de recherche scientifique (CNRS) qu’elle souhaitait mandater pour mener l’enquête lui a répondu que la notion ne correspondait à aucune réalité scientifique. Mais une liste a bien fini par être livrée à la vindicte sur internet.

Blanquer, pompier pyromane?

En effet, suite aux «calomnies» de la Ministre, 600 universitaires et chercheurs.euses ont signé une tribune dans Le Monde demandant sa démission. 24 heures plus tard, la totalité de leurs noms était publiée sur un blog. Celui est proche de la mouvance d’extrême droite. Il désigne le personnel de la recherche incriminé comme «des gauchistes (et quelques autres) complices de l’islam radical qui pourrissent l’université et la France». La citation accusatrice se rapproche de la formulation «grangrène de la société» utilisée par Mme Vidal (France 3).

Face à l’incendie provoqué, le pouvoir décide de l’arroser abondamment mais… de carburant. Dimanche, le Ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer, était interviewé par Jean-Jacques Bourdin (RMC). «L’UNEF (Union nationale des étudiants de France]), le syndicat étudiant, interdit la présence de blancs lors de certaines réunions, est-ce un acte raciste, selon vous?», interroge le journaliste. «Oui bien sûr. C’est profondément scandaleux», acquiesce le Ministre. Avant de surenchérir: «Les gens qui se prétendent progressistes et qui… distinguent les gens en fonction de leur peau, nous mènent vers des choses qui ressemblent au fascisme, c’est extrêmement grave». Et de déclarer réfléchir à des évolutions législatives pour les en empêcher.

Seulement voilà, les prétendues réunions «interdites aux blancs» se révèlent être des groupes de paroles organisés, deux fois l’an, pour que les victimes de discriminations raciales et/ou religieuses, dites «racisées», puissent s’exprimer à leur sujet. C’est ce qu’explique la présidente de l’Unef, Mélanie Luce à Mediapart (23.03.21), affirmant: «Toute cette polémique sur les réunions en non-mixité, ça nous empêche de parler des vrais sujets». Précision importante, une personne juive ou musulmane qui se sentirait discriminée pour cela, pourrait y participer tout en étant blanche

Mélanie Luce (UNEF) menacée
De plus, d’autres groupes de paroles sont organisés pour la prise en compte d’autres types de discriminations. Ainsi, il en existe pour les femmes et les personnes LGBT. Si on est bien loin des prémisses du fascisme annoncées, le pire pourrait encore surgir. A l’issue d’une émission de radio, où elle a tenté de répondre aux accusations portées, Mélanie Luce reçoit des messages tweets haineux, ignobles et des menaces de mort qu’elle a rendu publics. Style: «Je te viole la gorge, grosse salope. Et «Sale pute on va te retrouver et de (sic) tuer et balancer ton corps dans la seine (sic)». Les individus auteurs de ces abjects propos sont pénalement passibles de plusieurs années de prison.

Enfin, la députée européenne du parti au pouvoir et membre du Bureau exécutif de la République en marche, Ilana Cicurel, réagit. Elle laisse entendre que si l’Unef ne renonce pas à ces groupes de paroles, il faudra «se poser la question de son subventionnement public»…