Quand la contestation s’affichait de façon libre

Genève • Au travers d’une quarantaine d’affiches «sauvages» et des photographies, la Bibliothèque de Genève, en collaboration avec les Archives contestataires, expose la production graphique militante des années 1970-1980.

Daniel Suter Victoire des peuples d’Indochine Centre de liaison politique, 1974. (Halosis)

L’exposition, qui mêle des thématiques sociales et politiques, commence en 1976, dans un contexte de crise, après le choc pétrolier de 1973. A cette époque, 200 groupes ou mouvements contestataires ou contre-culturels existent à Genève, avec une pléthore d’engagements autour de thématiques comme l’écologie, la lutte anti-nucléaire, les mouvements de quartiers notamment aux Grottes, le logement, les questions d’émancipation féministe et bien d’autres», explique, sur les ondes de Radio Cité, Mirjiana Farkas, historienne et commissaire de l’expo Affiches sauvages, mémoires militantes, organisée à la Bibliothèque de Genève. L’expo s’est faite avec la collaboration des Archives contestataires, basées à Carouge et qui travaillent depuis les années 2000 à récolter le fonds iconographique des militant.e.s.

Cette présentation d’un moment d’histoire, que l’on peut aussi visiter virtuellement, montre des affiches en tirages restreints, très Do it yourself, réalisées dans des ateliers de sérigraphie ou en offset. Elle aborde aussi, outre les thèmes précités, le mouvement d’objection de conscience dans l’armée, la lutte contre l’initiative fédérale xénophobe (1974) de James Schwarzenbach, les luttes syndicales, comme celles menées par le Comité d’action syndicale de Lausanne, lié au groupe maoïste vaudois Rupture pour le communisme, contre la fermeture de l’imprimerie du Courrier ou la restructuration chez Bulova à Neuchâtel.

La solidarité internationale est aussi à l’honneur, en faveur du Chili d’Allende, avec la Palestine, contre le franquisme en Espagne et la dictature argentine du général Videla. Pour élargir le champ chronologique, des affiches des années 1930 viennent compléter l’expo. «Si les mobilisations contemporaines prennent les canaux dématérialisés des réseaux sociaux, ces échos de luttes passées ont traversé les décennies, conservant toute leur actualité. La pratique de l’affichage sauvage a presque disparu à Genève. Quelques rares mouvements continuent la pratique en 2021 comme par exemple certains collectifs féministes», rappelle la commissaire dans sa présentation de l’expo.

«Affiches sauvages, mémoires militantes», Premier étage de la Bibliothèque de Genève, promenade des Bastions 1, Genève, du 12 avril jusqu’au 4 septembre, du lundi au vendredi de 9-18h, sa 9-12h

Visite virtuelle sur https://blog.bge-geneve.ch/affiches-sauvages/