Protectionnisme : vers la fin du tabou ?

C’est l’un des dogmes libéraux les plus solidement ancrés, un véritable tabou auquel jusqu’à récemment il ne venait l’idée à personne de toucher, à droite comme dans la gauche de gouvernement : le protectionnisme. Le mal absolu. Alors que la crise financière continue à déployer ses effets, le carcan intellectuel semble se lézarder. En France,...

C’est l’un des dogmes libéraux les plus solidement ancrés, un véritable tabou auquel jusqu’à récemment il ne venait l’idée à personne de toucher, à droite comme dans la gauche de gouvernement : le protectionnisme. Le mal absolu.

Alors que la crise financière continue à déployer ses effets, le carcan intellectuel semble se lézarder. En France, l’accession de Marine Le Pen à la direction du FN s’est traduite par un infléchissement de sa politique économique. La cheffe d’extrême droite a d’ailleurs fait du protectionnisme (compris comme une préférence nationale) l’un de ses thèmes de prédilection en vue des prochaines élections présidentielles. A gauche, timidement, quelques voix s’élèvent désormais qui osent évoquer le mot interdit : cherchant à « durcir » sa posture à des fins de démarcation, Arnaud Montebourg évoque un « protectionnisme de progrès » dans le cadre d’une « démondialisation ».

En Suisse, la gauche serait bien inspirée de se réapproprier un concept qui est intrinsèquement le sien. Promouvoir un protectionnisme ciblé et raisonné, ce n’est pas faire le lit du repli sur soi.

Appliqué par les pays en développement, le protectionnisme permet de protéger une industrie naissante de la concurrence internationale, faussée car disposant d’une expérience et de techniques plus avancées. Dans les pays riches, le protectionnisme permet d’élaborer des normes sociales et environnementales à l’importation, tout en permettant d’éviter des délocalisations. La violence des marchés condamne une paysannerie asphyxiée : l’économie n’a cure du rôle social, environnemental, voire culturel des paysans. L’application du « cassis de Dijon » a conduit à une situation désastreuse, ce que le POP avait par ailleurs prédit.

Les prochaines fédérales pourraient être l’occasion, pour la gauche combative, d’approfondir la réflexion sur cette question.