« Bien entendu que l’insécurité existe, elle est sociale »

ÉLECTIONS FÉDÉRALES • Julien Sansonnens et Sarah Frund, deux candidatures de combat du POP & Gauche en mouvement au Conseil des Etats.

Julien Sansonnens et Sarah Frund, deux candidatures de combat du POP & Gauche en mouvement au Conseil des Etats.

Pourquoi vous présentez-vous au Conseil des Etats ?
Sarah Frund La liste au Conseil des Etats est une occasion de faire connaître la liste au conseil national, et nos 16 collègues… ainsi que les points forts de notre programme ! Je me présente pour montrer qu’il existe une relève au sein du POP & Gauche en mouvement, et que celle-ci est diversifiée.
Julien Sansonnens Même si les chances d’un siège popiste au Conseil des Etats sont faibles, il est important de participer au débat démocratique et d’offrir le choix d’une vraie gauche combative, y compris pour cette chambre. Plus que jamais, il faut que la classe moyenne et les milieux populaires défendent leurs intérêts à Berne, que ce soit au Conseil national ou aux Etats. La crise économique que nous traversons illustre la faillite du modèle libéral défendu par la droite : nous proposons une alternative, un choix de société qui ne sont pas basés sur le chacun pour soi ou la course effrénée au profit. Le modèle actuel de société n’est pas tenable, socialement et écologiquement.

Vous êtes candidats pour le POP, quel est votre attachement à ce parti ?
SFd J’ai été intéressée par la politique très tôt, et cela a été assez vite clair pour moi que le POP est le parti qui correspond le mieux à ma façon de concevoir la politique. Une participation critique au sein des institutions, mais surtout un vrai militantisme de terrain et une réelle présence sur le terrain.
JSs J’y suis très attaché. Avant d’entrer en politique, j’ai regardé quels partis proposaient les idées les plus proches de miennes. Si j’ai pu être tenté pendant un instant de rejoindre un groupuscule d’extrême gauche, le côté sectaire et souvent élitiste de ces formations m’a découragé. Le POP est un parti qui revendique plus de soixante ans de combats en faveur de la justice sociale. Sa base sociale est très diversifiée : les ouvriers y côtoient des intellectuels ou des commerçants. Il n’y a pas si longtemps, des militants ont perdu leur emploi ou leur logement parce qu’ils étaient membre de ce parti : cet engagement sans faille et dans la durée impose le respect.

Outre les thèmes principaux du parti, quels sont ceux que vous souhaiteriez mettre en avant, ceux qui vous tiennent particulièrement à cœur ?
SFd Le maintien et le développement des services publics et des assurances sociales ainsi que l’égalité des chances. En particuliers, l’accès aux soins pour tous et toutes, par exemple avec une meilleure couverture des soins par une caisse maladie unique, qui permettrait à chacun et à chacune de soigner ses dents ou de faire les contrôles médicaux préventifs quels que soient ses moyens. L’égalité des chances dans le domaine de la formation est également primordiale, avec des bourses d’études suffisantes, ainsi que des mesures de soutien pour les étudiants qui n’ont pas la possibilité d’être soutenus par les parents.
JSs Parmi les thèmes qui sont parfois moins développés, je m’intéresse particulièrement aux questions éthiques autour de la science : quelle science, pour quel modèle de société ? Peut-on tout faire, au nom de la recherche scientifique ? Je travaille également sur les questions de respect de la sphère privée, en étant très critique face aux nouvelles technologies de surveillance. Les libéraux, qui pourtant prétendent défendre la sphère privée, n’ont de cesse de renforcer la surveillance et le contrôle de la population : c’est une dérive dangereuse.

La droite, relayée par les médias, nous dit que les thèmes principaux de cette élection seront l’insécurité et l’immigration. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?
SFd Il faut entendre que beaucoup de gens sont inquiets. On peut se poser la question sur les causes de ces inquiétudes : il est en effet difficile d’avoir confiance en l’avenir et d’être ouvert et accueillant lorsque l’on n’a pas la certitude de pouvoir conserver son emploi ou trouver un appartement. Selon moi, rétablir une sécurité à ce niveau faciliterait déjà bien des choses. Il faut donc résoudre les problèmes de pénurie de logements, et également développer des services tels que des garderies en suffisance, et pourquoi pas, réglementer plus fermement les possibilités de licenciement. Au sujet de l’immigration, je dirais encore que tant que les inégalités entre pays riches et pauvres sont aussi criantes, la Suisse représentera toujours un Eldorado pour un certain nombre de migrants. Agir sur ces causes, c’est peut-être augmenter la part du budget alloué à l’aide au développement, ou créer des partenariats de formation ou de création d’emploi dans les pays plus défavorisés.
JSs Sur l’immigration, il y a une énorme hypocrisie de l’extrême droite, qui suscite la peur et la haine de l’autre à des fins électorales, tout en ouvrant les frontières afin de mettre en concurrence les travailleurs suisses avec du personnel étranger, moins cher. A propos des sans-papiers, c’est encore pire : ces gens n’ont simplement aucun moyen légal de se défendre, ils constituent une main-d’œuvre totalement soumise, exploitable à merci ! Un rêve pour le patronat ! Quant à l’insécurité, bien entendu qu’elle existe, et elle est sociale avant tout. Peur de perdre son logement, peur du chômage, peur de l’avenir, peur de n’avoir pas assez pour vivre à la retraite, peur de ne pas avoir les moyens de se faire soigner… Voilà l’insécurité !

Si l’un d’entre vous se retrouve seul à Berne, comment va-t-il faire pour défendre la gauche combative ?
SFd Être seule à Berne, cela signifie n’avoir que très peu d’influence et de possibilités de se faire entendre. Je pense qu’il faudra faire sa place, créer des contacts et des alliances. Il pourrait être intéressant de prendre contact avec un certain nombre d’associations pour porter leurs revendications sous la coupole. Enfin, tout cela sera plus simple si nous arrivons à être cinq élus au niveau suisse, afin de constituer un groupe parlementaire, et de pouvoir accéder aux commissions !
JSs Même si elle ne dispose que de peu d’élus à Berne, la gauche combative a un rôle indispensable dans le débat démocratique, comme force de proposition notamment : bien souvent, nous avançons des idées qui sont d’abord combattues, avant d’être acceptées par d’autres partis et par la population. La caisse unique est un combat mené depuis plus de 10 ans par les milieux de la gauche combative. L’initiative sur le salaire minimum, presque acceptée par les Vaudois il y a peu, a été déposée par la gauche combative.