Vent néolibéral au Parlement jurassien

La droite et les chrétiens-sociaux proposent de privatiser des services publics comme l'Office des véhicules.

La droite et les chrétiens-sociaux proposent de privatiser des services publics comme l’Office des véhicules.

« Le Jurassien vote à gauche et élit à droite. » Cette formule est certes un peu abrupte, mais elle se base sur une certaine réalité. Dans les votations fédérales, les Jurassiens se sont souvent signalés par des votes progressistes, mais au parlement cantonal, la droite est majoritaire. De peu, 31 sièges sur 60, mais depuis quelques mois, elle affiche bien la couleur en voulant appliquer dans le canton les recettes néolibérales dont on connaît le grand succès au niveau international.

Une motion UDC veut tout simplement supprimer le Service de la coopération. Ce service s’occupe de la coopération avec d’autres cantons ou régions (frontalières par exemple) et de projets d’aide au développement. Cette proposition a certes peu de chances d’être acceptée, mais d’autres, plus générales l’ont déjà été. Bien qu’elle admette que les tâches demandées à l’Etat augmentent, la droite n’en supporte pas la conséquence, une légère augmentation des effectifs des employés de l’Etat. Elle veut en diminuer le nombre.

Mercredi 25 avril, le Parlement a accepté un postulat PLR visant cet objectif et intitulé « tableau de bord pour la gestion des effectifs de l’administration ». Par quels moyens ? Un autre postulat PLR, accepté un mois plus tôt, l’indique : « Etudier la possibilité de privatiser certains services de l’Etat. » Et il désignait deux « exemples typiques qui viennent à l’esprit » : l’Office des véhicules et le Service des Ponts et chaussée. Evidemment, on diminuerait ainsi le nombre des employés de l’Etat, mais, financièrement, le contribuable y gagnerait-il ? En tout cas pas en ce qui concerne l’Office des véhicules puisque ses comptes sont bénéficiaires. Chez nos libéraux, l’idéologie semble primer sur le souci d’économie.

Le même jour, une motion du groupe PDC réclamant « de réelles mesures pour un allégement de l’appareil étatique » était acceptée, contre l’avis du Gouvernement qui demandait la transformation de la motion en postulat. Avec son titre, on pouvait s’attendre à quelques propositions concrètes, mais il s’agissait simplement de demander au Gouvernement de mandater un organisme externe pour qu’il étudie les possibilités de diminuer le nombre d’employés du canton. Le PDC n’a pas le courage de remettre lui-même en cause telle ou telle prestation de l’Etat. Il préfère faire dépenser plusieurs centaines de milliers de francs à l’Etat pour une étude, dont il n’est pas sûr que les conclusions soient ensuite suivies.

Virage à droite du PCSI

Si la droite n’est que légèrement majoritaire au Parlement, ces trois motions ont été acceptées nettement, par 32 à 34 voix, contre 20 à 22, car elles ont trouvé le soutien des chrétiens-sociaux (PCSI), qui ont même participé au mouvement en faisant accepter un postulat visant à sortir l’Espace Formation Emploi de l’administration cantonale. Ce parti, que certains journalistes s’acharnent encore à classer à gauche, a dans le Jura une toute autre attitude que ses coreligionnaires valaisans ou fribourgeois qui eux participent à des alliances de centre-gauche. Il n’est d’ailleurs plus très à l’aise dans le Parti chrétien-social suisse, puisque sa direction avait entamé des discussions avec les Verts libéraux en vue d’un rapprochement, voire plus si entente. Mais cela a provoqué des remous dans sa base et ces discussions sont « gelées ».

La netteté des scores parlementaires ne signifie pas que tout est joué. Si des décisions parlementaires dans le sens des privatisations sont effectivement prises, il y a le droit de référendum. Comme on l’a dit au début, lorsqu’il s’agit de dire oui ou non, les Jurassiens ne suivent pas forcément la majorité de droite. Et il y a l’exemple vaudois : en 2007, le peuple a refusé « l’autonomisation » du Service des véhicules.