« Des politiques de santé biaisées par de faux chiffres »

J’ai lu avec intérêt vos articles relatifs aux primes maladies trop élevées payées des années durant par la population de certains cantons, tendanciellement romands et urbains. La question du remboursement est criante et déclenche à juste titre la polémique. Cependant, il me semble qu’une dimension de ce scandale n’émerge pas dans le débat : c’est...

J’ai lu avec intérêt vos articles relatifs aux primes maladies trop élevées payées des années durant par la population de certains cantons, tendanciellement romands et urbains. La question du remboursement est criante et déclenche à juste titre la polémique.

Cependant, il me semble qu’une dimension de ce scandale n’émerge pas dans le débat : c’est celui de l’influence de ces « erreurs » sur la politique de la santé. Des années durant, le débat politique a été biaisé par la comparaison de primes dont on sait aujourd’hui qu’elles étaient faussées. Au-delà des statistiques des coûts de la santé dont on peut disposer, chaque personne a tendance à mesurer l’efficacité de la politique de santé de son canton à l’aune de sa prime d’assurance maladie. Combien de décisions citoyennes ont été faussées par le mirage de ces cantons ruraux et alémaniques censés être tellement efficaces ? Combien de leçons ont dû entendre les Romands et les villes, combien de charges contre la prévention, contre la prise en charge des couches fragilisées de la population sur la base de comparaisons intercantonales fausses ?

La politique de la santé est envisagée de manière assez différente des deux côtés de la Sarine. La Suisse alémanique est culturellement plus « âpre », elle laisse plus d’espace aux structures privées ou caritatives et rechigne à une approche globale et sociale de la santé individuelle. Au niveau fédéral, les sarcasmes envers la Suisse romande et ses penchants « socialistes » ne sont pas rares.

Depuis bientôt deux décennies, les grandes orientations de santé publique ont été prises sur la base de chiffres faux, construits par des acteurs privés et qui favorisent un modèle privé de la santé, avec la concurrence comme credo.

Personnellement, je ne crois pas au hasard… J’ai l’impression que l’aspect évoqué ci-dessus (et qui mériterait évidemment un approfondissement que je ne suis pas en mesure de mener) pourrait être thématisé par un titre comme Gauchebdo.

Roby Tschopp, député suppléant des Verts
au Grand Conseil neuchâtelois