Les Jurassiens en campagne

ASILE • Le comité référendaire cantonal contre la révision de la Loi sur l'asile, soumise en votation le 9 juin, a présenté ses arguments à la presse.

Le comité référendaire cantonal contre la révision de la Loi sur l’asile,
soumise en votation le 9 juin, a présenté ses arguments à la presse.

Le 16 mai, le Comité référendaire
jurassien contre la révision
de la LAsi a présenté ses
arguments à la presse régionale. Le
comité regroupe notamment PS,
Verts, CS-POP, La Gauche, l’Union
syndicale jurassienne, Unia, le SSP
et le Mouvement jurassien de soutien
aux sans-papiers et migrants
(MJSSPM).

Pierre-Alain Fridez, conseiller
national socialiste, a présenté la
révision de la loi. Les arguments
pour la combattre ne sont évidemment
pas très différents de ceux
des comités genevois et vaudois
exprimés dans les colonnes de
Gauchebdo la semaine passée.
Nous ne les mentionnerons donc
pas tous. Il a notamment dénoncé
le fait que la désertion ne puisse
plus être un motif d’asile, car elle
est souvent le fait de personnes qui
ont refusé de servir une armée au
service d’une dictature (notamment
en Erythrée) et dont on sait
qu’elles ne peuvent retourner dans
leur pays sans risque pour leur vie.

A ce sujet, Juliette Kohler
(MJSSPM) a évoqué le cas d’une
famille érythréenne (mère et
enfants) arrivée dans la région,
dont le père, disparu, était soupçonné
de désertion, ce qui a
entraîné des brimades et menaces
contre sa famille, qui se poursuivent
actuellement contre la grandmère
restée au pays.

Une urgence inutile

Pierre-Alain Fridez a aussi rappelé
qu’une loi fédérale peut être déclarée
urgente si on a « une situation
qui ne souffre aucun retard ». Or ce
n’est vraiment pas le cas ici. Le
nombre des demandes d’asile des
déserteurs ou dans les ambassades
est resté stable et il y a trois ans
que des propositions les concernant
sont arrivées au Parlement.
On a avancé la notion d’urgence
pour des raisons politiques : exagérer
la gravité de la situation pour
faire passer les durcissements de la
loi. Les partisans de la loi ont aussi
utilisé comme argument qu’il fallait
accélérer les procédures, mais
les modifications proposées ne
concernent pas du tout cela.

Caroline Meijers (MJSSPM) a
annoncé une conférence organisée
en collaboration avec les milieux
ecclésiastiques sur le thème « Pourquoi
émigrent-ils ? » qui aura lieu
lundi 27 mai à 20 h au Centre
Saint-François à Delémont. Le but
est d’élargir notre point de vue et
voir ce qui se passe dans les pays
de départ et le rôle qu’y jouent nos
pays et nos entreprises.

Le témoignage d’un opposant
togolais

Kofi Owussi, ingénieur agronome
togolais a dû quitter son pays car il
était membre d’un parti d’opposition
et a échappé de justesse à son
arrestation. Il a évoqué la collusion
des multinationales occidentales et
du gouvernement togolais dans
l’exploitation et la spoliation des
paysans, ce qui oblige nombre
d’entre eux à quitter la campagne
ou à s’exiler dans un autre pays.

Le comité a aussi salué l’engagement
de la conseillère aux Etats
Anne Seydoux et du maire de
Delémont Pierre Kohler, tous deux
PDC, dans l’« Appel à nos valeurs
fondamentales » recommandant le
non.

Des stands sont prévus au marché
de Porrentruy ce samedi 18
mai et à celui de Delémont le 25
mai, avec musique africaine et
théâtre de rue.