«Un acharnement contre la démocratie populaire»

Mobilisation • Créée à Genève il y a moins d'un mois, la toute jeune Association de soutien au peuple grec multiplie les activités. Le 25 juin dernier, un rassemblement était ainsi organisé devant la mission permanente de la Grèce, réunissant une cinquantaine de personnes.

Il fait très chaud en cette fin d’après-midi, si chaud qu’à l’ombre des grands arbres de la petite place lovée entre la rue du Léman et la rue Plantamour, de laquelle surgit la voix de George Dalaras, on se croirait presque en Grèce. On aurait bien envie de pouvoir parler de la douceur de vivre sous des latitudes plus clémentes et de siroter un verre d’ouzo, mais on a apporté des pancartes et des prospectus, on fait circuler des pétitions. Car la douceur de vivre «à la grecque», même en Grèce, on ne sait plus trop ce que cela veut dire.

Paolo Gilardi, membre du comité de l’Association de soutien au peuple grec, entame son discours en dénonçant la dramaturgie savamment construite et orchestrée par les médias et la troïka (Union Européenne, le FMI et la BCE) pour mettre le pays à genoux, pour faire croire que la seule voie possible est celle de la privatisation des services publics, l’austérité budgétaire, la destruction des conventions collectives. Il rappelle qu’Eric Toussaint, maître de conférence à l’université de Liège, président du Comité d’Annulation de la Dette du Tiers-Monde en Belgique et membre du Conseil scientifique d’Attac-France, a qualifié la dette grecque d’«illégale, illégitime, odieuse et insoutenable». Une conclusion qui provient de l’enquête préliminaire du Comité sur la dette, mandaté en avril 2015, et qui met en lumière que la Grèce a été victime d’une attaque préméditée et organisée par le Fond Monétaire International, la Banque Centrale Européenne et la Commission Européenne. Une mission violente, illégale et immorale, dont le but était exclusivement de transférer la dette privée sur le secteur public.

Il ne s’agit pas de nier les erreurs commises en termes de gestion, comme par exemple des dépenses militaires importantes, mais de mettre en évidence que les prêts contractés l’ont été pour sauver les banques. Rappelons que la dette grecque représente 350 milliards d’Euros. A titre de comparaison, depuis 2008, l’aide de l’Union Européenne aux banques s’élève à 4’500 milliards d’Euros!

Umberto Bandiera, représentant la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS), insiste sur le caractère politique du scénario. Pour lui, la volonté de «déposséder les citoyens de ce qui leur reste de marge de manœuvre paraît évidente. Si la Grèce tombe, c’est la démocratie qui tombe». Joseph Daher, de solidaritéS Genève, fustige quant à lui l’évasion fiscale grecque en Suisse, soit les millions cachés dans nos banques qui appartiennent au peuple grec. Pour lui, «les mesures d’austérité demandées par la troïka sont pires que les politiques de droite. On assiste à un acharnement contre la démocratie populaire. On veut décourager les aspirations populaires et empêcher des soulèvements, pas seulement dans ce pays mais dans toute l’Europe».

Pour tous les participants, une chose est claire: il faut une annulation de la dette, et vite! Quelques jours pus tard, l’association manifestait d’ailleurs par communiqué son soutien au référendum convoqué par Alexis Tsipras et le droit du peuple grec à continuer à s’opposer au diktat de la Troïka.