Une menace ultraconservatrice plane sur le Valais

Valais • Les élections cantonales de mars 2017 ne se limitent pas au seul duel entre Oskar Freysinger et Christophe Darbellay, mais revêtent une importance particulière pour les forces progressistes du canton.

Au conseil d’Etat, la formule actuelle (3 PDC, 1 UDC, 1 PS) est remise en question par la droite dure qui propose 3 candidat-e-s sur la liste Ensemble à droite pour constituer une majorité ultraconservatrice. Deux UDC (Oskar Freysinger et la haut-valaisanne Sigrid Fischer-Willa) y sont accompagnés par un dissident PDC, Nicolas Voide, qui prétend représenter l’aile droite de ce parti, dont il a bien sûr perdu le soutien, mais dont certains milieux voteront sûrement pour lui. Face à cette OPA, le PDC veut conserver ses trois sièges et s’affirme centriste avec les candidatures de Christophe Darbellay, cible déclarée des ultraconservateurs, du sortant Jacques Melly et du haut-valaisan Roberto Schmidt.

La gauche est dans une position difficile et n’est pas sûre de conserver son siège: en effet la double candidature de la sortante Esther Waeber-Kalbermatten, soutenue par le Haut-Valais, et de Stéphane Rossini, soutenu par le Bas, et bien qu’ils soient sur la même liste, conduira à de nombreux coups de crayon dans les deux régions (le chrétien-social Jean-Michel Bonvin complète la liste). Le PLR, avec deux candidats mal connus, a peu de chances de récupérer le siège perdu il y a 4 ans. Il faut aussi citer des candidatures marginales comme celles de Thierry Largey pour les Verts, et celle du porte-parole de la police cantonale Jean-Marie Bornet, fils d’un ancien conseiller d’Etat PDC, mais qui se veut anti-système et a créé un mouvement politique à l’identité peu claire pour le soutenir. En tout cas, avec 13 candidat-e-s, le premier tour se terminera par un ballottage général.

Une Alliance de Gauche sans les Verts
Pour les 130 sièges du Grand-Conseil, les enjeux sont à peu près les mêmes. L’UDC (qui occupe actuellement 21 sièges) compte bien sûr se renforcer. Le PDC va tenter de conserver ses 61 mandats et le PLR les 28 qu’il détient aujourd’hui. Pour la gauche, la division risque d’être problématique. En effet, contrairement aux élections passées où les 3 composantes de la gauche modérée (PS, Verts, PCS/chrétiens sociaux) se présentaient en général sur les mêmes listes Alliance de Gauche, l’Alliance de Gauche (PS-PCS) est cette fois partout en concurrence avec les Verts qui se disent lassés d’être tenus en bride par le PS. Cette nouvelle donne renforcera-t-elle la gauche ou met-elle en péril ses 20 sièges dans l’actuelle législature (15 PS, 3 PCS, 2 Verts)? On pourra voir aussi si le Rassemblement Citoyen Valais de Jean-Marie Bornet fait son entrée au Parlement.

La gauche radicale, faible, ne participera pas aux élections. Le président du Syndicat autonome des postiers (SAP), Olivier Cottagnoud, nouveau président de Vétroz, s’était intéressé à la candidature sur une liste de gauche, où il aurait sans doute fait un bon résultat, mais ni l’Alliance de Gauche ni les Verts n’ont accepté son exigence de garder sa liberté de parole. Ainsi va la gauche en Valais!

Des élections assez chahutées donc. Un objectif majeur pour les progressistes du canton est assurément de freiner Oskar Freysinger et les ultraconservateurs dans leur tentative de pousser le canton encore plus à droite (il y aura d’ailleurs une manifestation contre l’extrême droite le 18 février à Sion). Mais en plus, il est impératif de maintenir une bonne représentation de la gauche, car le Valais connaît les mêmes problèmes que les autres cantons: quand il s’agit de faire des économies sur le dos des services publics et de faire des cadeaux aux plus riches, sans hésitation, la majorité du PDC, le PLR et l’UDC parlent d’une seule et même voix.