Oskar Freysinger renvoyé à ses chères études

Valais • Les élections ont vu l’ultraconservateur Freysinger éjecté, mais le parlement demeure bien à droite, avec un gouvernement de centre-droite, comme auparavant.

La période pleine de rebondissements des élections valaisannes 2017 est maintenant terminée. Le canton est doté d’un nouveau gouvernement de 5 membres, les PDC Roberto Schmidt, Jacques Melly et Christophe Darbellay, la socialiste Esther Waeber-Kalbermatten et le PLR Frédéric Favre. Après seulement 4 ans, Oskar Freysinger et l’UDC sont exclus du Conseil d’Etat. Le premier tour avait déjà apporté son lot de surprises: la 6ème place d’Oskar Feysinger, grand vainqueur en 2013, et les 4ème et 5ème places occupées par la gauche avec Esther Waeber-Kalbermatten et Stéphane Rossini.

Le 5 mars, le Valais avait la possibilité de confirmer un exécutif de centre-gauche de 3 PDC et 2 PS! Les choses ont bien sûr évolué entre les deux tours. Un seul sujet d’accord demeurait entre les partis hors UDC: le départ de Freysinger. Le PDC a cependant vite fait savoir qu’il ne voulait pas de 2 socialistes. Il a soutenu la plus consensuelle des socialistes, de surcroît haut-valaisanne, Esther Waeber-Kalbermatten, ainsi qu’un néophyte, cadre à la Migros et champion de karaté, le PLR Frédéric Favre. Oskar Freysinger, comme au premier tour, est ainsi resté sur le carreau. A part l’UDC et quelques PDC ultraconservateurs, il n’a pas convaincu; son attaque frontale contre le PDC avec sa liste ultraconservatrice Ensemble à droite a resserré les rangs du grand parti, alors que nombre de ses électeurs de 2013 ne suivaient plus ni la continuelle théâtralisation de sa propre personne, ni ses outrances xénophobes et islamophobes, ni ses contacts avec l’extrême-droite européenne, alors que la gestion du Département de la Formation avait été peu efficace.

Progression des Verts
Quant à Stéphane Rossini, s’il a fait un très bon résultat dans le Valais francophone, il avait assurément une trop forte personnalité et un profil trop marqué à gauche pour convenir à l’establishment. De toutes ces péripéties, les progressistes peuvent penser que la moitié du travail a été fait. La droite la plus dure a été heureusement écartée, espérons pour longtemps, mais il faut constater l’échec de la constitution d’un gouvernement de centre-gauche qui aurait pu influer positivement sur la politique cantonale. Les nouvelles autorités sont de centre-droit, modérément conservatrices et libérales en matière économique, la silencieuse Esther Waeber n’allant sans doute guère perturber cette atmosphère propice au monde des affaires.

Pour les 130 membres du Grand Conseil, qui a tout de même le rôle essentiel de faire les lois et de voter les budgets appliqués par l’exécutif, le rapport de forces n’a pas changé. Si le PDC a perdu quelques sièges (55 contre 61 auparavant), il reste la force dominante avec 40 % des sièges. Les autres partis de droite, le PLR, en léger recul (26 sièges contre 28 auparavant), et l’UDC, en léger progrès (23 contre 21 auparavant), totalisent aussi 40% des sièges. Quant à la gauche, elle a bien tiré son épingle du jeu.

L’échec qu’on pouvait craindre avec la concurrence entre l’Alliance de Gauche dominée par le PS et les Verts, ne s’est pas produit. La gauche sort même renforcée, l’Alliance de Gauche conservant ses 18 mandats et les Verts connaissant une importante progression de 2 à 8 sièges. Ce résultat montre qu’en Valais, une gauche écologiste de classe moyenne se développe aussi, alors que malheureusement la gauche liée au monde du travail stagne. Mais de toute façon, la gauche ne représente que 20% des sièges. Comme durant la législature précédente, ce sera donc une droite économiquement libérale ou néolibérale qui continuera d’imposer ses volontés.

La porte était entr’ouverte
Un parlement contrôlé comme précédemment par la droite et le centre-droit et un gouvernement de centre-droit, voilà comment, finalement sans surprise, le Valais sera dirigé ces quatre prochaines années. Lors du premier tour pour le Conseil d’Etat, le peuple avait entr’ouvert une porte pour un Valais plus progressiste, mais l’establishment des partis de droite et l’intervention de la minorité haut-valaisanne, unanime à défendre ses intérêts régionaux, ont bien travaillé pour tout remettre en ordre au deuxième tour. C’est ainsi que fonctionne la démocratie valaisanne!