Ni snob, ni ringard, l’opéra s’adresse à tous

Art lyrique • Eric Vigié ose rire des idées reçues et les dément par une programmation originale sur la scène lausannoise.

«Lucia di Lammermoor» sera mise en scène par Stefano Poda la saison prochaine à Lausanne (photo: Stefano Poda).

L’inscription «Bourgeois», taguée sur la façade du Théâtre Municipal a interpellé le directeur de l’Opéra de Lausanne, Eric Vigié. Il a choisi de saisir avec humour les idées reçues qu’on colle trop souvent à l’Opéra pour s’en amuser dans sa publicité et les démentir avec l’affiche de la saison 17/18. Même les prix rivalisent avec bien d’autre «events», voire le cinéma, compte tenu des rabais accordés pour AVS/AI ou enfants, étudiants, chômeurs et RI. Sans oublier que les étudiants peuvent obtenir en dernière minute, avant le lever de rideau, les places encore disponibles pour Fr. 20.- . Ceci dit, le programme annoncé est tentant avec une série de nouvelles productions, de la danse, des concerts dont un hommage à Maria Callas, et, pour la première fois, du théâtre en coréalisation avec le Théâtre de Vidy.

Une saison très latine
La saison opéra proprement dite sera latine et l’on réentendra un certain nombre d’artistes qui ont enthousiasmé le public les années précédentes, souvent des chanteurs alors en début de carrière, que leur succès international rend peu à peu difficile à réinviter. Premier spectacle, Lucia de Lammermoor de Donizetti, sous la baguette de Jesus Lopez Cobos. La célèbre scène de la folie sera donnée telle qu’originalement écrite, donc avec harmonica de verre (et non flûte). On retrouvera la diva russe Olga Peretyatko dans La Sonnambula de Bellini, mise en espace avec vidéos, une formule qui s’est avérée très convaincante l’année passée dans le Siroe de Cencic. Jamais encore programmée à Lausanne, La Donna del Lago de Rossini sera précisément mise en scène par ce même Max Emanuel Cencic; il en sera aussi l’un des solistes. Juste avant, on pourra voir La Clemenzia di Tito, le dernier opéra écrit par Mozart, composé en toute hâte (trois semaines) pour le couronnement de Leopold II comme roi de Bohême.

Enfin, la saison se terminera avec Simon Boccanegra de Verdi, une première aussi à Lausanne, un opéra très politique que le metteur en scène Arnaud Bernard replace dans l’Italie des années 20. Pour les fêtes de fin d’année est annoncé Le Chanteur de Mexico, une opérette de Francis Lopez, où triompha Luis Mariano et qui devint un film célèbre. On peut regretter qu’il n’y ait ni création, ni œuvre contemporaine la saison prochaine, mais il faut reconnaître qu’Eric Vigié nous propose des découvertes en affichant des titres jusqu’alors ignorés à Lausanne.

De nouveaux partenariats
Le spectacle jeune public, dont il faut bien dire qu’il remporte toujours un grand succès auprès des moins jeunes, sera Amahl et les visiteurs du soir de Menotti. Il consacre la collaboration avec la Haute Ecole de musique; en effet il sera interprété par l’Orchestre de l’Hemu, la maîtrise «Opéra» du conservatoire de Lausanne, un élève de ce conservatoire dans le rôle-titre qui, avec les autres solistes, joueront sous la baguette de leur directeur Hervé Klopfenstein.

La grande nouveauté est le partenariat avec Vidy: Richard III de Shakespeare sera donné à l’Opéra
dans une mise en scène de Thomas Ostermeier qui souhaitait présenter cette pièce dans une salle à l’italienne. La réputation de l’acteur Lars Eidinger suffira–t-elle à compenser le handicap d’un Shakespeare en langue allemande, surtitré en français et anglais? S’ajoutent à cette saison 17/18 trois concerts ainsi que trois soirées de ballet dans un répertoire russe.

www.opera-lausanne.ch