Gauche désunie pour les élections fédérales

Jura • Pour l’élection au Conseil national seuls des apparentements entre listes du même parti ont été conclus.

Si les apparentements entre partis de droite ne sont pas fréquents dans le Jura, Verts et PS (+ CS-POP lorsqu’il y avait une liste) s’étaient toujours apparentés pour l’élection au Conseil national. Mais cette année, les Verts ont refusé l’apparentement avec le PS. Auparavant, le PCSI (chrétien-social) avait proposé un apparentement aux Verts, espérant par ce moyen avoir une chance de conquérir le siège de Pierre-Alain Fridez (PS). Les Verts ont répondu qu’ils étaient partants pour un apparentement avec le PCSI et le PS, mais que si l’un des deux refusait, ils iraient seuls. Le PS n’a pas voulu s’apparenter avec le PCSI (ce que celui-ci ne souhaitait pas non plus). Précisons que dans le Jura, depuis plus de 30 ans, le PCSI n’a jamais voulu d’alliance avec la gauche, contrairement aux sections valaisanne et fribourgeoise. De plus, à la différence de ces deux sections, il n’a pas pris la dénomination adoptée par le parti suisse, «Centre-gauche PCS», le mot gauche semblant lui faire peur.

Siège socialiste menacé?

Les Verts partent donc seuls. On comprend mal cette décision vu qu’ils sont alliés au PS dans plusieurs communes et que dans tous les autres cantons, Verts et PS sont apparentés. Et il y a tout de même un petit risque que le siège socialiste passe à droite. Certes, en 2015, le PS, avec 23,7 % des voix, avait une bonne avance sur le PLR (16,8 %). Mais si les Verts (7,3 %) augmentent, comme ils l’ont fait récemment dans diverses élections cantonales, ils vont certainement prendre des voix au PS, tandis que le PLR, qui était en progression, du moins avant la très récente vague verte, n’a pas la concurrence des Verts libéraux comme dans d’autres cantons. Quant à l’autre siège, le PDC (27,6 %), malgré ses récentes divisions internes, ne risque pas grand-chose. Il semble impossible que deux partis le dépassent.

Et CS-POP? Vu qu’il n’y a que deux sièges à repourvoir et donc aucune chance d’élection, CS-POP (3,8 % en 2015) a renoncé à investir son énergie et ses finances dans cette campagne. Qui soutenir? Logiquement, allié aux Verts dans le cadre d’un groupe parlementaire cantonal et à Delémont, il pourrait pencher vers ceux-ci, qui ont comme lui lutté contre les mesures d’économie Optima dans le canton et contre la RFFA au niveau fédéral. Mais la décision de non-apparentement avec le PS et la crainte de voir passer le siège à droite pourrait amener certains à pencher du côté du PS, ou de la liste, évidemment apparentée, de la Jeunesse socialiste, plus marquée à gauche. La JSS avait aussi combattu la RFFA.

Deux grands favoris pour les Etats

Au Conseil des Etats, élu aussi à la proportionnelle, mais sans possibilité d’apparentement, seules quatre listes ont été déposées: PDC, UDC, Verts et PS. Même si les deux sortants, Anne Seydoux (PDC) et Claude Hêche (PS) ne se représentent pas, on voit mal comment le PDC et le PS pourraient perdre leur siège. En 2015, le PS obtenait près de 38 % des voix et le PDC, boosté par un duel interne, 45 %. L’UDC et les Verts ne totalisaient que 13,2 et 4 %. On s’achemine donc vers l’élection de l’actuel ministre Charles Juillard (PDC) et de l’ancienne ministre Elisabeth Baume-Schneider (PS), sa colistière, Mathilde Crevoisier Crelier, étant nettement moins connue.