L’indécence des assureurs maladie

Il faut le dire • Cette année, on nous annonce, la bouche en cœur, une hausse très «modérée» de 0.5% en moyenne

Depuis de nombreuses années, nous dénonçons l’opacité dans laquelle l’augmentation des primes d’assurance maladie régie par la LAMal s’effectue, comme un rituel marquant l’entrée dans l’automne. Cette année, on nous annonce, la bouche en cœur, une hausse très «modérée» de 0.5% en moyenne. Ceci alors que la majorité des ménages se demande comment elle va réussir à passer cette étape très particulière marquée par une crise sanitaire, sociale et économique sans précédent.

On le dit et rappelle toujours: la fixation de ces primes se fait sans aucun contrôle politique, comme si chaque année une augmentation de la TVA était décidée. Elle serait plus ou moins importante en fonction d’intérêts. Qui ne sont pas forcément corrélés avec une meilleure prestation ou une augmentation du bien public. C’est d’autant plus vrai que l’assurance maladie est heureusement obligatoire.

Je ne reviens pas sur notre lutte historique pour que les cotisations soient proportionnelles au revenu, ce qui n’est toujours pas le cas. Elles sont pourtant si chères que près d’un tiers des Vaudois bénéficie de subsides étatiques, pour maintenir un tant soit peu leur revenu disponible. Or, en pleine pandémie, on apprend qu’à fin 2019, les réserves LAMal des assurances maladies se montaient à plus de 9 mil- liards, soit 2 fois le minimum légal. Sans compter ce qu’elles engrangent dans les assurances complémentaires.

On nous avait pourtant promis que cela n’arriverait plus quand ces mêmes réserves avaient été déjà dénoncées il y a quelques années. Les assurés lésés avaient alors reçu des miettes pour calmer le jeu. De plus, il faut bien comprendre que si la crise de la Covid-19 a nécessité un renforcement des structures hospitalières avec la mobilisation de davantage de personnel, de nombreuses prestations médicales n’ont pu être effectuées. Ainsi la plupart des cabinets médicaux ont travaillé au ralenti et toutes les interventions non urgentes ont été repoussées. C’est dire que tout laisse à penser que fin 2020, les assureurs maladie auront encore engrangé quelque 2 milliards de trop.

Ils n’ont même pas voulu entrer en matière pour le remboursement des tests de dépistage. Ceux-ci, pour ne pas créer d’inégalités entre citoyens, ont été mis à la charge des cantons. Ils ne veulent pas non plus entrer en matière pour participer au déficit des hôpitaux. Ne nous ont-ils pas toujours dit qu’ils devaient avoir des réserves pour des coups durs? Mais c’est vrai qu’ils ont la belle vie.
C’est innommable: on est bien loin de l’esprit des mutuelles créées il y a 100 ans. On touche à l’absurde. Il faut que ça change.