Une élection cantonale à surprise?

Neuchâtel • Le 18 avril prochain, les Neuchâteloises et les Neuchâtelois éliront leurs autorités cantonales, dans un scrutin particulièrement incertain.

Difficile de faire des pronostics, tant les conditions électorales ont changé: introduction d’une circonscription unique, suppression des apparentements, passage de 115 à 100 député.e.s, autant d’innovations dont il est délicat de mesurer la portée.

Cela étant, certaines tendances fortes s’imposent. Au Grand Conseil, l’UDC neuchâteloise devrait confirmer son implosion, due tant à ses querelles intestines qu’à l’ineptie de ses ténors; le PLR semble plutôt stable, gagnant peut-être quelques sièges sur sa droite, mais pouvant en perdre au centre au profit des Verts Libéraux; le PDC ne semble pas capable de gagner beaucoup de sièges, le centre étant déjà bien occupé par le PSN; le parti socialiste, qui a perdu un tiers de ses suffrages en douze ans pourrait poursuivre son déclin, sa politique centriste continuant à décevoir l’électorat de gauche, malgré un marketing politique agressif; les Verts devraient continuer à surfer sur la vague environnementale, dont l’ampleur reste cependant difficilement mesurable en ces temps socialement difficiles; le POP pourrait progresser quelque peu, profitant de sa démarcation claire des déviances socialistes et de l’introduction de la circonscription unique; SolidaritéS, quant à lui, pourrait bien disparaître sur le plan cantonal, le quorum de 3% paraissant difficilement atteignable. Quant au Conseil d’Etat, un collège formé de deux PLR, de deux socialistes et d’un Vert semble le plus probable.

Pour le POP, c’est clairement l’élection au Grand Conseil qui est primordiale, même si les médias mettront une fois de plus les projecteurs sur l’exécutif, spéculant sur une majorité de gauche ou de droite. La question nous semble mal posée: la majorité socialiste au cours des dernières législatures n’y a en effet jamais induit une véritable politique de gauche. Le rapport des forces au législatif sera par contre déterminant pour les années à venir. Après un budget 2021, qui a épuisé les réserves pour ne pas devoir procéder à des coupes trop sévères en période préélectorale, les partis gouvernementaux se préparent déjà à une nouvelle période d’austérité pour la période 2022 à 2024, afin de combler les trous financiers creusés par la crise du Covid. Pour que ces mesures ne touchent pas une fois de plus le social, l’éducation et la santé et donc les plus faibles, il est vital que les véritables forces de gauche sortent renforcées de ces élections.