Routes productives ou déroutes écologiques

Neuchâtel • Contournements routiers dans Les Montagnes neuchâteloises. Le choix est-il entre qualité de vie ou bétonnage intempestif? (Par Julien Gressot)

Des contournements d’aggomérations surchargées par les flux automobiles font débat à La Chaux-de-fonds et au Locle. (DR)

La mobilité est un des grands enjeux du XXIe siècle. Et comme dans tous débats, des arbitrages doivent parfois être faits entre diverses solutions, dont aucune n’est totalement idéale. La question des contournements routiers de La Chaux-de-Fonds et du Locle fait partie de ces interrogations difficiles, qui placent devant des choix complexes.

Contournements routiers controversés

En effet, en ce siècle d’urgence climatique qui n’est désormais plus guère contestée hors par quelques «hurluberlus», comment envisager de bétonner et prévoir de nouvelles voies de circulation? Mais, d’un autre côté, peut-on laisser les populations de ces villes dans une situation invivable? Ce débat a occupé dernièrement le Grand Conseil. Il pourrait bien finir dans les urnes avec la volonté affichée par certain.e.s député.e.s Verts et de SolidaritéS, essentiellement du Bas du Canton, de lancer un référendum. Ceci après les élections cantonales pour ne pas s’aliéner les électrices et électeurs du Haut du Canton.

Replaçons le débat. Ces deux villes sont les dernières de Suisse et probablement en Europe à ne pas avoir de solutions de contournement routier dignes de ce nom. Conséquences? Des cités embouteillées, irrespirables. Avec des voitures qui prennent toute la place et des espaces publics peu conviviaux voire dangereux. Tout cela occasionnant une grande difficulté à développer des projets d’aménagement positifs comme des zones piétonnes.

Pendularité et intense trafic

Les deux villes des Montagnes neuchâteloises offrent un grand nombre d’emplois avec comme corollaire une grande pendularité. Elles connaissent également un trafic interne important. La qualité de vie s’en trouve fortement diminuée et des solutions doivent être trouvées. Plusieurs projets d’envergure sont prévus ces prochaines années. Ainsi pour améliorer la mobilité par une ligne ferroviaire directe reliant La Chaux-de-Fonds à Neuchâtel et deux projets de contournements routiers des villes du Haut. Ces projets étaient attendus depuis belle lurette par les populations urbaines qui étouffent sous la fumée des pots d’échappement.

Mais des voix s’élèvent pour contester l’utilité du projet de contournement Est de La Chaux-de-Fonds. Celui-ci est en partie financé par le Canton et donc attaquable par référendum. L’argument central est que ce projet bétonnera encore plus notre nature et ne changera pas véritablement la donne concernant le trafic. Leur solution pour améliorer la qualité de vie? Diminuer le nombre de véhicules sur les routes. Si cette solution est évidemment souhaitable, elle ressemble à un Yaka sans offrir de véritables résolutions aux habitants des Montagnes, les condamnant ainsi souffrir de pollution sonore et atmosphérique jusqu’à ce qu’il y ait moins de voitures.

Retard des investissements

Construire des routes n’est certes pas souhaitable en soi. On peut donc comprendre celles et ceux qui dénoncent ce projet au nom de l’urgence climatique. Il faut toutefois tenir compte du contexte de retard considérable dans les investissements tant fédéraux que cantonaux dans cette région. Et de l’ensemble du projet qui permettra d’améliorer considérablement la qualité de vie régionale.

À La Chaux-de-Fonds, un plan directeur partiel des mobilités (PDPM) a été voté en 2019 pour une réduction du trafic en Ville, couplée à une politique de stationnement. Il défend un Centre-Ville en partie piétonnisé, une politique de macarons, de parkings d’échange, des rues interdites à la circulation et certains axes clairement définis comme des routes collectrices. Ce dernier facteur entraînera une augmentation du trafic sur certains axes, ce qui est le point faible du projet.

Plan directeur perfectible

Mais cet élément est en partie compensé par le fait que les effets de ce PDPM doivent être analysés régulièrement afin de prendre des mesures supplémentaires si des objectifs chiffrés ne sont pas atteints. De plus, ce PDPM accepté par l’ensemble des groupes politiques chaux-de-fonniers, a été jugé insuffisant par le POP. Il a apporté plusieurs postulats visant à l’améliorer. Ainsi la possibilité de réduire la vitesse du trafic sur les routes collectrices ainsi que d’interdire le trafic nocturne de transit des gros véhicules au Centre-Ville. Mais aussi d’aménager une rue entièrement dévolue à la mobilité douce et de piétonniser la Place du marché.

Ainsi, nous pensons que les villes du Haut ne doivent pas être laissées en marge. Ce projet, qui devra encore être perfectionné à l’interne, permettra une véritable amélioration de la qualité de vie et un développement de villes plus durables et vivables.