Ainsi en va-t-il de l’essor du commerce électronique à la fermeture des magasins dans nos villes, en passant par la baisse des ventes de journaux à la croissance des médias en ligne. La pandémie a également entraîné une augmentation spectaculaire du travail à distance et du télétravail. Alors que les travailleurs se confinaient chez eux en mars 2020, peu s’attendaient à ce que le travail à domicile devienne permanent. C’est pourtant ce qui se passe maintenant dans de nombreux secteurs tels que l’informatique, les centres de contact, la finance, les assurances et bien d’autres domaines.
Extension de la vidéosurveillance
L’augmentation constante du télétravail soulève de nombreuses questions importantes pour les travailleurs, les syndicats et la société. Ceci bien au-delà de la demande faite à l’employeur de payer la connexion Internet ou un nouveau bureau et des outils informatiques. Dans certains secteurs, notamment les centres de contact (appelés autrefois centres d’appels), Teleperformence, la multinationale française qui domine le secteur ainsi que nombre d’autres employeurs, ont commencé à installer une surveillance vidéo de leurs employés à domicile. Cela n’est pas acceptable, ce d’autant plus que de nombreux jeunes employés travaillent depuis leur chambre à coucher et s’opposent fermement à cette vidéo surveillance.
Ces derniers mois, nous avons assisté à des campagnes réussies en Grèce et en Albanie pour obliger Teleperformance à retirer les caméras.
Défis à résoudre
ll n’y a pas que le problème de la surveillance du télétravail qui doit être considéré. On doit aussi tenir compte des contrats de travail. Certains employeurs ont fait en sorte que leurs salariés en télétravail deviennent des travailleurs indépendants. D’autre part, le télétravail abolit la frontière entre la vie professionnelle et la vie privée, et isole les travailleurs qui parfois n’ont jamais rencontré, même virtuellement, d’autres employés que leur superviseur. Ces télétravailleurs devraient également avoir le droit de se déconnecter. De plus, il faudrait définir qui est responsable de la santé et de la sécurité dans ce mode de travail à domicile.
Comment créer un sentiment de solidarité entre des travailleurs qui ne se sont jamais rencontrés? Comment recruter dans un syndicat une main-d’œuvre géographiquement dispersée? Pour tenter de répondre à ces questions et fournir des conseils pratiques aux syndicats, UNI Global Union, dont le siège est à Nyon, a élaboré un guide détaillant les principes fondamentaux des syndicats pour garantir les droits des travailleurs lorsqu’ils travaillent à distance.
Précieux guide
Ce guide couvre dix principes fondamentaux pour le télétravail. Ainsi les employeurs doivent garantir la liberté syndicale et la négociation collective pour les travailleurs à distance. Ils sont aussi dans l’obligation de maintenir les droits et les relations de travail avec les travailleurs à distance. Par ailleurs, l’utilisation d’outils de surveillance pour les contrôler doit être limitée. Et ce type de travail doit se faire sur une base volontaire. Les employeurs ont le devoir respecter les horaires de travail normaux et le droit à la déconnexion. Ils sont donc responsables de la santé et de la sécurité des travailleurs.
Quant aux coûts des équipements espaces de travail à distance, ils sont à la charge de l’employeur. Le travail à distance doit être «non sexiste» et ouvert à toutes et tous. Aux travailleurs à distance est garanti un accès égal à la formation et à l’évolution de carrière. Avant d’introduire ou d’étendre les règles relatives au travail à distance, syndicats et employeurs s’engageront à réaliser des études d’impact et produire une documentation complète.
Ce guide, utile tant aux syndicats qu’aux télétravailleurs, est disponible à l’adresse suivante https://uniglobalunion.org/news/uni-releases-principles-collectively-bargaining-advance-remote-workers-rights