A l’Usine, un «pass» pas partout

Genève • Des lieux de la scène alternative genevoise critiquent l’usage du certificat sanitaire en leur sein.

Parmi les associations composant le centre culturel autogéré de L’Usine, l’extension du «certificat covid» ne passe pas vraiment. «La raison d’être de nos structures est l’accueil d’un public sans discrimination, sans distinction de genre, de race, de classe; de s’ils.elles sont de bons.nes citoyens.nes ou non; sont d’Europe ou d’ailleurs; possèdent des papiers d’identité ou non; une assurance maladie ou non», s’insurgent les différentes structures.

Ces dernières se veulent des lieux d’ouverture. Elles estiment que ce n’est pas leur rôle d’exclure des personnes parce que leur situation ne leur permet pas l’accès au certificat, ni sur aucune autre base administrative, d’ailleurs. «Nous n’aspirons pas à devenir des instances de contrôle et de tri, nous ne voulons pas être les acteurs.ices d’un glissement vers une société où la surveillance est de plus en plus généralisée», écrivent-ils dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux.

Ces institutions de la vie culturelle genevoise craignent que les mesures d’exception ne durent dans le temps et conduisent à une habituation à une forme de surveillance latente. «Nous craignons que les outils qui sont établis aujourd’hui au nom de la santé publique ne puissent être plus facilement remis en place demain à des fins sécuritaires, que soient normalisés le fait de décliner son identité et enregistrer ses déplacements, que les mailles du contrôle social ne soient dangereusement resserrées durant la gestion de cette pandémie», détaillent-elles.

Contrôle social

Elles voient dans le certificat non une question de santé ou de vaccination, mais de contrôle social. Celle-ci implique notamment le développement de pratiques de fichage à grande échelle dans le contexte d’une société tendant depuis des années vers un idéal sécuritaire. Les lieux alternatifs rappellent avoir toujours prôné la solidarité avec les plus vulnérables, mis tout en œuvre pour accueillir le public de la manière la plus sûre possible, et avoir «joué le jeu» des mesures covid, «parfois au-delà des limites de l’absurde». Elles s’inquiètent avec d’autres d’ailleurs de la charge logistique, financière et organisationnelle sur un secteur déjà lourdement mis à mal par la pandémie. Et d’estimer que l’exclusion, la surveillance, le fichage n’incombent pas aux lieux de culture.

Par un communiqué du 15 septembre, le Zoo de l’Usine déclare «regretter fortement de se plier à ces restrictions» et de rouvrir «dans des conditions que nous déplorons», tout en soulignant qu’une refermeture aurait des «conséquences désastreuses».