Une Session des femmes au pas de charge

Suisse • Pendant deux jours, 200 élues de toute la Suisse, appuyées par 46 parlementaires ou ex-parlementaires, ont participé à la Session des femmes à Berne, adoptant un total de 23 revendications qui seront déposées au parlement.

La Session a proposé un droit de vote et d’éligibilité pour les étrangers résidant en Suisse depuis 5 ans. (alliance F)

Introduction d’un programme national de recherche sur la discrimination et les biais implicites dans le domaine de la santé et la recherche thérapeutique, révision de la loi sur les infractions sexuelles dans le Code pénal, introduction du droit de vote et d’éligibilité au niveau fédéral pour les étrangers après 5 ans de résidence. Telles sont quelques-unes des propositions de progrès avalisées par la 2e Session des femmes, organisée le 29 et 30 octobre par la faîtière des organisations féminines suisses Alliance F, à l’occasion de la célébration des 50 ans du suffrage féminin. Cette association, coprésidée par la conseillère aux Etats écologiste bâloise, Maya Graf, se présente comme «la voix des femmes dans la politique suisse», et regroupe plus de cent organisations comme l’Union suisse des paysannes et des femmes rurales (USPF) ou la Ligue suisse des femmes catholiques.

Le 2e pilier, objet de toutes les revendications

Mais certaines des élues étaient parrainées par les syndicats Syna, transfair et Travail.Suisse comme Linda Rosenkranz, élue du canton de Berne et responsable de l’administration de la dernière organisation. Et de préciser les modalités de la session: «Après avoir été informée que j’étais élue parmi les 200 femmes candidates, j’ai reçu une liste de commissions (au nombre de 8), et j’ai pu postuler pour trois d’entre elles. J’ai été élue à la Commission pour l’égalité au travail et à la retraite, avec laquelle nous avons déjà eu deux jours de réunions. Nous y avons discuté de sujets qui nous tiennent à cœur et défini des propositions ou des revendications – que l’on appelle aussi des motions. Lors de la Session, chaque proposition a été présentée par une porte-parole de la commission. Ensuite, tout le monde a voté. Les propositions qui ont été acceptées seront finalement transmises au Parlement», précisait-elle.

La décision de contrôler les entreprises à partir de 50 employé.es plutôt que 100 comme il est prévu dans la Loi sur l’égalité, de même que le projet de mettre en place une autorité fédérale indépendante chargée de contrôler cette égalité et de signaler les cas d’abus réjouissent la jeune élue. «La loi actuelle est un tigre de papier sans dents. Nous avons enfin besoin d’une loi qui sanctionne les entreprises qui discriminent les femmes au niveau du salaire», estime-t-elle. Elle s’est aussi investie dans le dossier du 2e pilier. Rappelant que les femmes ont reçu 1547 francs par mois en 2018 – les hommes presque le double avec une moyenne de 2948 francs, la Session des femmes défend l’abolition de la déduction de coordination (le seuil d’entrée pour cotiser à cette assurance est fixé à 25’095 francs de revenu par année). Elle veut aussi que la prévoyance professionnelle inclue des bonifications pour tâches éducatives et d’assistance analogue à celles prises en compte dans le calcul des rentes AVS.

Vers le bien-être

La Session désire aussi que la Suisse se dote d’un véritable Office fédéral de l’égalité, chargé, entre autres, de réaliser l’égalité entre les femmes et les hommes dans la société, l’économie et la politique. Mais aussi de lutter contre le harcèlement et la discrimination sur le lieu de travail et de prévenir la violence domestique. Encore peu connu est le Partenariat des gouvernements pour une économie du bien-être (WEGo), basé sur 17 objectifs de développement durable (ODD) fixés par l’ONU. La Session voudrait que la Suisse rejoigne cette alliance d’Etats, qui promeut des mesures comme l’amélioration de la santé, l’aménagement du territoire respectueux des personnes, le bien-être temporel ou la sécurité routière.

«Nos revendications ont le potentiel non seulement d’être révolutionnaires pour la politique d’égalité dans les années à venir, mais aussi de façonner la politique du marché du travail, des assurances sociales, de la santé, de la sécurité et des sciences», assure la Session dans son communiqué final. A voir.

Informations complètes sur les pétitions sur www.alliancef.ch/sessiondesfemmes