Du neuf aux contours bien flous

Jura • Un projet pour la formation qui mérite davantage d'attention

Un projet pour la formation qui mérite davantage d’attention

Le Gouvernement jurassien a lancé une consultation sur la réforme de l’enseignement du secondaire II et du tertiaire. Objectif : boucler en 2007. Une précipitation suspecte.

Les instances consultées ont reçu le projet de réforme de l’enseignement du secondaire II et du tertiaire en date du 12 mars. Le délai de réponse a été fixé au 22 avril. Rarement, peut-être jamais, un temps de réflexion aussi court n’a été donné pour répondre à une consultation. De plus, dans la période considérée, il y avait deux semaines de vacances scolaires, durant lesquelles, et non seulement au niveau du corps enseignant, il est difficile de prévoir des séances de travail. Malgré des demandes de prolongations émanant de plusieurs associations, le Gouvernement n’a pas voulu modifier son calendrier.

Cette forme de précipitation a tout lieu d’inquiéter. Si, d’une façon générale, le projet présenté est favorablement perçu, il existe toute une série de zones d’ombre pour lesquelles des précisions sont indispensables. Une seule idée fait véritablement l’unanimité : réunir dans un unique Département l’éducation, l’instruction et la formation, des domaines dont la responsabilité est aujourd’hui répartie entre 4 ministres sur 5 !

Eviter les dépenses inutiles

Mais de nombreuses interrogations subsistent sur la forme finale que prendront certaines propositions contenues dans le projet. Faut-il par exemple créer un échelon hiérarchique supplémentaire par la création d’un Centre de formation, avec à sa tête un directeur ? Les milieux scolaires y sont plutôt hostiles. Ceci d’autant plus que la volonté d’économiser 1 à 2% par rapport au système actuel est clairement affichée par l’exécutif jurassien. Avant de prévoir des économies, il serait judicieux de ne pas prévoir de dépenses supplémentaires à première vue inutiles.

Quelle forme prendra l’harmonisation du statut de l’ensemble du personnel enseignant concerné ? Là aussi, c’est le flou artistique. Comment se prononcer favorablement à un principe, alors que l’on ne connaît aucunement les intentions gouvernementales. Dans toute consultation digne de ce nom, des pistes sur la forme que pourrait finalement prendre le principe à adopter sont données. Ici, rien. Il faut se prononcer les yeux fermés. Nous préférons les garder ouverts.

L’organisation du Centre de formation en divisions plutôt qu’en écoles est-elle judicieuse et urgente ? Ce n’est pas certain. Le système actuel ne pose pas de problèmes majeurs. Il fonctionne même à satisfaction. On ne comprend dès lors pas cette volonté de nier les identités des différents établissements scolaires pour reconstruire du neuf dont les contours ne sont connus de personne.

Toutes ces questions ont été posées à maintes reprises et à maints endroits aux porteurs du dossier. Aucune réponse précise n’a été apportée. Ce manque de clarté du projet provient indéniablement du fait que l’on n’a pas associé dès le début de son élaboration les directeurs des différentes écoles concernées. Leurs compétences et leurs expériences auraient sans doute pu apporter une contribution à la solidification du système proposé, notamment pour ce qui est de la complémentarité entre les établissements, qui fonctionne bien aujourd’hui.

La réforme du secondaire II et du tertiaire dans le Jura revêt une importance que tout le monde reconnaît. Sa mise en place dans les moindres détails pour le 1er janvier 2007 est utopique. Par contre, quel beau mandat à assumer pour un-e ministre qui prendra en charge le nouveau Département de la Formation. Cette façon de voir semble être partagée par de nombreux milieux. Ce qui nous fait penser que si le Gouvernement tente un passage en force, il risquerait de trébucher et son projet avec lui.