« Petits, mais costauds »

Jura • Le 22 octobre prochain, les Jurassiens élisent leurs autorités et leur parlement. La gauche doit se renforcer pour contrer la mainmise du PDC sur le canton. On entend souvent dire que Combat socialiste et le POP ont des idées intéressantes, mais qu’elles ne se traduisent que rarement par des résultats en raison de la petite...

Le 22 octobre prochain, les Jurassiens élisent leurs autorités et leur parlement.
La gauche doit se renforcer pour contrer la mainmise du PDC sur le canton.

On entend souvent dire que Combat socialiste et le POP ont des idées intéressantes, mais qu’elles ne se traduisent que rarement par des résultats en raison de la petite taille des organisations et, partant, de leur faible influence. Evidemment, CS-POP a moins de poids que les grands partis, mais ses interventions font souvent mouche et amènent les autres partis à réagir. D’où la réponse donnée à un journaliste : « Nous sommes petits, mais costauds ».

Le dernier exemple concerne la décision prise en juin par le Gouvernement, avec l’aval des ministres PDC et socialistes, de supprimer les allocations familiales aux personnes, qui en raison de leur situation personnelle, ne peuvent pas exercer d’activité lucrative. CS-POP fut d’abord seul à réagir, puis les autres partis ont suivi, et en août, le Gouvernement a dû annuler sa décision (voir Gauchebdo du 1er septembre). CS-POP est évidemment une force d’opposition aux tendances droitières majoritaires et se retrouve souvent dans la minorité. Il a aussi été parfois seul, par exemple pour s’opposer aux baisses d’impôts profitant surtout aux plus aisés et mettant les communes dans des situations très difficiles. Mais c’est aussi une force de propositions, dont plusieurs ont obtenu une majorité au Parlement.

Succès parlementaires

Par ses interventions, le groupe a réussi à obtenir diverses améliorations. Dans le domaine social, les députés CS-POP ont fait accepter que les mesures de réinsertion professionnelle des femmes soient davantage développées, que tous les employés de l’Etat engagés à l’heure touchent un treizième salaire, que les trafiquants d’êtres humains ne bénéficient plus de facilités pour obtenir des permis de travail et que le chèque-emploi, pour lutter contre le travail au noir, soit introduit dans le Jura.

Dans divers autres domaines, ils ont aussi trouvé l’appui d’une majorité de députés à leurs interventions, demandant que les documents scolaires soient compréhensibles pour les parents de langue étrangère, que les manifestations à caractère humanitaire soient exonérées de taxes, que l’Etat favorise la consommation de produits issus du commerce équitable, que les procédures de naturalisation soient facilitées et que la détention d’armes soit réglementée dans le canton. En marge du Parlement, en intervenant au niveau judiciaire, le groupe a obtenu que le droit des détenus à la promenade à ciel ouvert soit garanti à la prison de Porrentruy. Evidemment, il y a aussi eu quelques échecs. Citons celui d’une résolution « pour un soutien concret à la Boillat » qui a obtenu 30 voix. Il en fallait 31 !

Nouveaux électeurs étrangers

Le 1er septembre sont entrées en vigueur deux modifications de la loi sur les droits politiques demandées par CS-POP. Jusqu’à présent, les étrangers obtenaient le droit de vote communal et cantonal après dix ans de domicile dans le canton. Désormais, ce sera toujours dix ans en Suisse, mais seulement une année dans le canton. Plusieurs centaines d’électeurs pourront ainsi inaugurer leur nouveau droit le 22 octobre. La deuxième amélioration permet le dépôt d’initiatives formulées en termes précis. Le Jura était, avec Schwytz, le seul canton à limiter le droit d’initiative populaire à celles rédigées en termes généraux, l’élaboration des textes légaux étant réservée au Parlement. Cela a déjà provoqué dans deux cas des décisions judiciaires contredisant le Parlement.

Voilà pour la législature écoulée, la semaine prochaine, on évoquera l’avenir avec une interview de Pierluigi Fedele, candidat CS-POP au Gouvernement.