L’usine complice de crime contre l’humanité

Jura • La gauche organise la résistance à la construction d'une usine de bioéthanol.

La gauche organise la résistance à la construction d’une usine de bioéthanol.

Un vent de révolte souffle sur les montagnes jurassiennes. Soutenus par le gouvernement cantonal, des investisseurs scandinaves ont annoncé leur attention de construire une usine de bioéthanol à Delémont. Devisé à 100 millions de francs, le projet prévoit de raffiner de l’éthanol issu de la canne à sucre brésilienne. 100’000 tonnes de biocarburant et 30’000 d’alcool pharmaceutique devraient être traitées annuellement à l’intention de la Régie fédérale des alcools et de la pharma bâloise. Il appartient aux autorités delémontaines de décider si elles délivrent ou non un permis de construire à la société Greenbioenergy créée pour l’occasion.

En attendant, la fronde s’organise. Réunis en assemblée générale, les Verts jurassiens se sont prononcés à l’unanimité contre le projet qualifié, dans un communiqué, d’« irresponsable » et d’« aberration ».

Un collectif en voie de constitution

Les militants de gauche Frédéric Charpié, Erica Hennequin, Emmanuel Martinoli et Lucienne Merguin Rossé ont pris l’initiative de former un « collectif contre l’importation de bioéthanol brésilien » dont la réunion constitutive aura lieu ce mercredi. « Nous ne sommes pas opposés au principe d’une usine de bioéthanol, explique Emmanuel Martinoli, pour autant qu’elle soit alimentée par des déchets végétaux suisses. »

Violations des droits humains et pollutions massives

L’écologiste rappelle que les agrocarburants brésiliens sont produits à grand renfort de pesticides et d’OGM, sont cause de pollution des sols et des eaux ainsi que de la déforestation. Sans compter que le développement de ces monocultures est à l’origine de graves violations des droits humains dans ce pays où les conditions de travail ne respectent que peu les conventions internationales. Les agrocarburants issus de la culture industrielle de végétaux renchérissent les prix des denrées alimentaires et constituent de fait un crime contre l’humanité, comme l’a souligné justement Jean Ziegler.

Pour toutes ces raisons, c’est un large front d’opposition qui devrait voir le jour. Emmanuel Martinoli annonce déjà le ralliement d’Unia Transjurane et des Eglises protestantes. D’autres organisations devraient suivre, comme Uniterre ou le POP et Combat socialiste. Pour la popiste Nathalie Muehlestein, « c’est clair et net que nous allons nous opposer à ce projet ».


Constitution du collectif contre l’importation de bioéthanol brésilien le mercredi 13 mai à 19h30 à l’ancienne gare aux marchandises de Delémont dans les locaux des associations Pro Natura, WWF, ATE, FJCD.