La politique du Conseil d’Etat défavorise la démographie du Locle

La ville du Haut enregistre une baisse de sa population. Quelles en sont véritablement les causes ?

La ville du Haut enregistre une baisse de sa population. Quelles en sont véritablement les causes ?

Comme il se doit, chaque premier mois de l’année, l’Etat fait le bilan démographique du canton, commune par commune. Le canton enregistre une augmentation de 951 personnes portant le nombre d’habitants à 171’848. Comme de coutume, le littoral enregistre la plus forte progression dans les districts de Neuchâtel et de Boudry. Le district de la Chaux-de-Fonds arrive en troisième position. Celui du Locle est le seul qui présente un déficit migratoire.

La perte de 138 habitants pour la ville du Locle laisse place à divers commentaires dont le sens des mots échappe à certains chroniqueurs. Le rédacteur en chef des journaux L’Impartial et L’Express n’hésite pas à écrire que « les gens fuient Le Locle ». Les synonymes de ce mot sont évocateurs : décamper, détaler, filer, déloger, déguerpir… Ne restant pas sur l’usage de ce mot, il reprend à son compte la solution de fusion entre les deux villes du haut : « A terme, si Le Locle persiste à faire cavalier seul, il ne sera plus que 6e ou 7e, entraînant toutes les Montagnes vers le bas… des classements. » Dans cette même édition, il est question de la nouvelle commune du Val-de-Travers devenue « troisième ville du canton » et qui, avec 11’937 habitants, déclasse Le Locle. Les neuf communes du vallon, récemment fusionnées, se transforment donc comme par enchantement en ville ! On peut bien entendu parler de la troisième commune du canton mais aucun visiteur ne découvrira la « ville » du Val-de-Travers car elle n’existe tout simplement pas. Et l’idée de la fusion des villes du haut s’ancre dans les propos avec obstination. Pourtant, même avec la fusion, la perte d’habitants du Locle ferait baisser le nombre d’habitants de la nouvelle commune du haut de 12 habitants, selon la statistique 2009. Même réduit, ce chiffre serait néanmoins à la baisse. Et dans la réalité, ce serait tout de même Le Locle qui en perdrait le plus !

Dans le constat démographique du Locle, personne n’a parlé des effets anticipés de la perte de l’école d’ingénieur, de la fermeture de l’hôpital et de l’absence de solution, dépendant du canton, pour maîtriser l’écoulement des frontaliers aux heures de pointe (ce qui coupe la ville en deux). Les efforts des autorités cantonales pour concentrer à Neuchâtel l’école d’ingénieurs et pour préférer la construction de tunnels sur l’autoroute du Littoral en lieu et place de l’évitement du Locle n’ont-ils pas d’effet sur la perte d’habitants du Locle ?

Comme toujours, les commentaires sont basés sur des considérations économiques. Lorsque l’on parle du résultat du sommet de Copenhague, il est possible, durant un jour, de citer les propos de scientifiques prédisant que si l’être humain ne remet pas question sa conception du développement, c’est son existence même sur terre qui pourrait être compromise. Les normes capitalistes ne s’encombrent pas de telles « inepties idéalistes » puisque tout est organisé pour que la croissance soit le point convergent du progrès et du succès.

Il en résulte que pour la ville du Locle, la situation est, financièrement, à prendre au sérieux, mais doit-elle l’être à ce point et dans cet état d’esprit ?